André Masson

Le mythe de Sisyphe, lithographie surréaliste d'André Masson

1962

Né en 1896 à Balagny-sur-Thérain, un petit village français, André Masson a passé la majeure partie de sa jeunesse à Bruxelles, en Belgique, où il travaillait comme modéliste dans un atelier de broderie. Masson commence ses études en 1907 à l'Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles. En 1912, il s'installe à Paris, où il fréquente l'École des Beaux-Arts. En 1914, l'artiste est appelé pour son service militaire lors de la première guerre mondiale. Il sera gravement blessé et renvoyé à Paris. Une grande partie de l'œuvre de Masson est influencée par ce traumatisme ; ses dessins et peintures exécutés dans les années 1920 représentent des scènes de bataille, du sang, la mort, des oiseaux et des poissons. Il s'inspire des étranges réalités de la guerre des tranchées et de la contiguïté immédiate de la vie et de la mort, et son imagerie suggère une confrontation de la vie à un niveau d'expérience anormal. Son style caractéristique traite de la violence, comme en témoignent les figures terrifiantes et fragmentées qui reflètent les horreurs de la guerre civile espagnole et de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que son psychisme troublé à la suite de son service dans la Première Guerre mondiale.

Après la Première Guerre mondiale, Masson s'installe dans le sud de la France, où il rencontre Juan Gris, André Derain, Joan Miró et André Breton. Breton défend le Manifeste du surréalisme et Masson participe à l'exposition collective des premiers surréalistes. Iconoclaste, dont les brusques transitions stylistiques défient toute classification, Masson a également exploré l'automatisme (dessin automatique), un procédé qui cherche à exprimer la force créatrice de l'inconscient. Ces dessins automatiques n'avaient pas de sujet ou de représentation préconçus. Comme un médium canalisant un esprit, Masson laissait son stylo se déplacer rapidement sur le papier sans contrôle conscient. Il ne tarda pas à trouver des indices d'images, de corps et d'objets fragmentés, émergeant de la toile abstraite aux allures de dentelle faite de marques de stylo. Parfois, Masson les développe en y apportant des modifications ou des ajouts conscients, mais il laisse les traces de l'encre rapidement tracée pratiquement intactes. L'œuvre de Masson explore plusieurs techniques de peinture, de dessin et de sculpture et présente une abstraction riche et colorée ainsi qu'une imagerie monochrome et des représentations linéaires automatiques. Surréaliste de la première heure et élève du cubisme, Masson a ensuite inspiré les expressionnistes abstraits de New York. Masson met au point une technique de peinture automatique qui conserve l'élément de hasard ; il fait couler de la colle sur du papier pour former des dessins et le recouvre ensuite de sable. Ces "peintures de sable" sont incontestablement son art le plus emblématique.

Lorsque Masson émigre aux États-Unis en 1939, il influence fortement plusieurs peintres américains avec cette technique, l'exemple le plus évident étant Jackson Pollack. Après son séjour en Amérique, il est retourné en Europe et, alors qu'il vivait en Espagne au milieu des années 1930, il s'est laissé séduire par les thèmes espagnols - corridas, matadors et mythologie espagnole. Masson s'installe finalement en France (à Aix-en-Provence), où il s'intéresse tardivement aux paysages impressionnistes, mais il en vient finalement à peindre presque exclusivement des images abstraites. Masson a consacré sa vie d'artiste à encourager la démarche non rationnelle de l'art, au transfert direct de la pensée subconsciente et aux forces primitives des conflits qu'il a connus dans les tranchées de la première guerre mondiale. Masson a cherché à transmettre dans son travail une réalité plus profonde du comportement de l'homme, sa propre imagerie personnelle complexe, et sa conviction que la peinture n'est pas une question de développement d'un style mais une partie de la vie elle-même.