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Nicolas de Largillière
Portrait de Monsieur Aubert, portrait d'apparat de Nicolas de Largillière

1725-1730

À propos de cet article

Provenance : Arnold S. Kirkeby (1901-1962) Donné par Arnold S. Kirkeby au Los Angeles County Museum of Art en 1955, où il est resté jusqu'à sa vente chez Sotheby's, New York, le 10 janvier 1991, lot 82. Christie's, Londres, 7 juillet 2010, lot 186, où elle a été achetée après la vente par les exécuteurs testamentaires de feu Edmund de Rothschild (1916-2009) pour être exposée à Exbury House. Les administrateurs d'Exbury House Littérature : R. Brown, Bulletin of the Art Division, Los Angeles County Museum, VIII, 1957, pp.8-9, no. 4 ; S. Schaefer et P. Husco, European Paintings and Sculpture in the Los Angeles County Museum of Art (Los Angeles, 1987), p. 53 (illustré et daté de c. 1735). Ce somptueux portrait d'apparat, exécuté vers 1725-1730, représente Monsieur Aubert, contrôleur général des ponts et chaussées, comme nous l'apprend une lettre posée sur le bureau à côté de notre modèle. Le traitement virtuose des étoffes, la pose à la fois autoritaire et assurée, le traitement vigoureux des deux mains, sont représentatifs du talent de Largillière, ici au sommet de son art de portraitiste. Le portrait a également une provenance assez extraordinaire : offert par Arnold S. Kirkeby, magnat de l'hôtellerie et promoteur immobilier américain, il a été exposé pendant près de quarante ans dans les collections du Los Angeles County Museum, avant d'être acquis en 2010 par les exécuteurs testamentaires d'Edmund de Rothschild pour orner son ancienne demeure Exbury House (Hampshire), où il est resté jusqu'à sa vente en 2022. 1. Nicolas de Largillière, grand portraitiste européen Nicolas de Largillière (ou Largillierre), l'un des principaux peintres européens de portraits, de peintures d'histoire et de natures mortes de la fin du XVIIe siècle et des quatre premières décennies du XVIIIe siècle, est né à Paris en 1656. Il était le fils d'un chapelier et d'un marchand qui s'installa avec sa famille à Anvers en 1659. À l'âge de neuf ans, il se rend pour la première fois à Londres en compagnie d'un associé de son père. De retour à Anvers plus d'un an plus tard, ses dons artistiques sont reconnus et son père le met en apprentissage auprès d'Antoni Goubau (1616-1698), peintre de scènes de genre et de paysages. Prodige, il est admis à la Guild des peintres de Saint-Luc alors qu'il n'a que 17 ans. En 1675, il fait un second voyage à Londres, où il est employé au château de Windsor et travaille comme restaurateur sous la direction du peintre et décorateur italien Antonio Verrio (c. 1639-1707), qui le signale à l'attention du roi Charles II (r. 1660-1685). À cette époque, Largillière peint plusieurs natures mortes à la manière des maîtres hollandais et flamands. Par la suite, il a pratiqué cette branche de la peinture avec une habileté consommée, un talent qui lui a permis d'utiliser brillamment les fleurs, les fruits et les animaux dans certains de ses portraits les plus ambitieux et de ses tableaux d'histoire contemporaine. En 1679, Largillière s'installe à Paris, où il se spécialise dans le portrait baroque à la manière grandiose de Pierre Paul Rubens (1577-1640), Antoine van Dyck (1599-1641) et Pierre Lely (1618-1680). Le peintre de batailles flamand Adams van der Meulen (1631 ou 1632-1690) le présente à Charles Le Brun (1619-1690) qui, en tant que premier peintre du roi Louis XIV (r. 1643-1715) et directeur de l'Académie royale de peinture et de sculpture, est la figure prédominante de l'establishment artistique officiel français. Lorsqu'il fut accepté comme candidat à l'Académie, il accepta d'exécuter comme tableau de diplôme un grand portrait de Le Brun (achevé en 1686, Paris, Musée du Louvre, huit photos dans la galerie) assis dans son atelier entouré des accessoires de son art et une étude à l'huile pour le plafond de la Galerie des Glaces à Versailles. En 1686, Largillière effectue un dernier voyage en Angleterre, où il peint les portraits du roi nouvellement couronné, Jacques II (r. 1685-1688) (Greenwich, National Maritime Museum) et de son épouse Marie de Modène (1658-1718). Après la Glorieuse Révolution, Jacques tombe au pouvoir, s'enfuit en France et s'installe près de Paris dans l'ancien château de Saint-Germain-en-Laye. Pendant de nombreuses années, Largillière est employé comme l'un des principaux portraitistes de la cour jacobite. En 1699, Largillière épouse Marguerite Élisabeth Forest, avec laquelle il aura trois enfants. Il continue à produire des peintures religieuses en mouvement et des images fixes, mais c'est surtout en tant que portraitiste qu'il acquiert son immense réputation. Contrairement à son contemporain Hyacinthe Rigaud (1659-1743), il n'a cependant que rarement bénéficié du patronage de la cour de Versailles, et sa clientèle se composait en grande partie de fonctionnaires, de membres du haut clergé, des autorités municipales et judiciaires, de l'aristocratie parisienne et provinciale, des échelons les plus riches de la classe moyenne, d'artistes et de dignitaires étrangers. Dans les portraits d'Eleg, les sujets sont élégamment intégrés dans des décors intérieurs ou extérieurs, et l'artiste a souvent recours à des déguisements mythologiques, à des draperies et à des poses flamboyantes pour dramatiser les personnages qu'il met en scène. La beauté de sa peinture réside en grande partie dans l'exploitation audacieuse des couleurs de sa palette, car Largillière appartenait à ce groupe de peintres et de théoriciens dirigés par Roger de Piles (1635-1709) qui défendaient l'idée que l'attrait sensuel de la couleur était aussi important que l'accent plus intellectuel mis sur la ligne et le dessin dans l'acte créatif de la peinture. Bien que Largillière soit connu pour avoir réalisé des esquisses à l'huile des visages et des mains de ses modèles, ainsi que des études pour ses tableaux d'histoire contemporaine, il peignait ses portraits rapidement et directement sur la toile, avec peu ou pas de préparation, en s'appuyant sur des écumes et des glacis transparents pour obtenir les effets riches et sonores qu'il recherchait. Son énorme production - quelque 1 500 portraits actuellement catalogués par Dominique Brême - l'oblige à entretenir un atelier composé d'assistants d'atelier à qui il délègue la peinture des costumes et des petits accessoires. Au cours de sa longue carrière, il a amassé une grande fortune et a vécu à grande échelle. Le vénérable artiste, qui avait formé Jean Baptiste Oudry (1686-1755) et avait su apprécier le génie de Jean Siméon Chardin (1699-1779), mourut en 1746 à l'âge de quatre-vingt-dix ans, après avoir été professeur, recteur, chancelier et directeur de l'Académie royale. Largillière a dominé la peinture de portrait française jusqu'à un âge avancé : né en 1656, il a peint son dernier portrait en 1741 (à l'âge de 85 ans). Vers 1730, alors qu'il a déjà plus de 70 ans, il se montre encore capable d'une verve et d'une fraîcheur singulières : la solide charpente de ses compositions, le dessin assuré de ses mains, le modelé raffiné des carnations et l'admirable rendu des étoffes que l'on retrouve dans les portraits d'apparat de cette époque témoignent d'un esprit ferme, d'un regard exceptionnellement vif et d'un génie demeuré intact. 2. Quelques informations bibliographiques sur le modèle Nous avons pu découvrir un peu de la vie de Jean Aubert, qui vivait à Paris, à l'hôtel de Beringhen, rue Saint-Nicaise, une rue qui n'existe plus près du Palais des Tuileries, dans la paroisse de Saint-Germain-l'Auxerrois. Il possède également une maison au 18 rue Grande à La Chapelle, une commune voisine au nord de Paris, sur la route de Saint-Denis (cette commune sera rattachée à Paris en 1860). Probablement né à la fin du XVIIe siècle, Jean Aubert a épousé Marie Catherine Marchand (décédée en 1745) vers 1725. Originaire de Fontainebleau, elle est la fille d'un entrepreneur de pavage du roi et la sœur d'un entrepreneur des Ponts et Chaussées du roi. Ils ont eu plusieurs enfants : • Adrien Aubert • Henry Camille Aubert (de la Tombelle) • Nicolas Jean Claude Aubert (de Blaumont) • Marie Rosalie Aubert • Jean Jacques Aubert (de la Pernelière) • Jean Etienne Aubert décédé à l'âge de 3 ans en 1728 dans la paroisse de Saint-Louis à Versailles. Ses enfants ont ensuite été pensionnés par le roi, en reconnaissance des services rendus par leur défunt père. Bien que nous n'ayons pas trouvé d'informations sur ses origines familiales, Jean Aubert semble avoir appartenu à une famille de la bourgeoisie parisienne, et avoir disposé d'une petite fortune qui lui a permis d'acquérir successivement la charge de trésorier des Menus-Plaisirs de la Petite Écurie du Roi, puis, vers 1728-1730, celle de Conseiller du Roi et Contrôleur général des Ponts et Chaussées. Il est probable que ce portrait d'apparat ait été commandé peu de temps après pour célébrer l'obtention de ce poste. 3. Description du portrait Drapé dans un manteau écarlate rappelant presque la pourpre impériale, Jean Aubert est représenté en habit vert, coiffé d'une perruque poudrée (des traces de poudre sont visibles sur le bord de sa veste, au niveau de l'épaule), l'épée au côté. Dans un décor d'une grandeur austère, ponctué de colonnes, attributs traditionnels de la force, il se tient face à nous. Le talent de Brilliante réside dans la présentation audacieuse d'une véritable explosion chromatique dans le traitement illusionniste de tissus chatoyants (rouge brillant sur le manteau, rehaussé de rehauts d'eau-du-Nil sur le revers, jaune safran sur le gilet et les manches de sa veste). Ces couleurs vives sont mises en valeur par les tons sourds avec lesquels elles contrastent : le gris de l'arrière-plan, le vert foncé de la veste et le noir du bureau et du portefeuille. L'une des parties les plus virtuoses de ce portrait est, à notre avis, la nature morte sur le bureau dans le coin inférieur gauche. Dans un savant désordre, Variously rassemble divers attributs de la vie intellectuelle : quelques livres, un encrier et une cloche d'argent, en partie cachés par une lettre, une plume et un bâton de cire, un portefeuille ouvert. La gamme chromatique est exclusivement dans les blancs et les noirs, rehaussée par quelques touches de rouge (le bâton de cire, les rubans des documents situés à l'intérieur du portefeuille). Le traitement des objets (livres, encrier d'argent dans lequel se reflète le bâton de cire) rappelle certaines compositions du jeune Chardin. La main droite non gantée de Monsieur Aubert semble pointer la lettre qui lui est adressée et qui indique sa position. Il nous semble que la plume posée sur l'encrier pourrait suggérer que l'encre est à peine sèche, comme pour confirmer que ce tableau a bien été commandé pour célébrer son accession à ce poste prestigieux. Alors que sa main droite semble souple et abandonnée, sa main gauche, toujours gantée, saisit énergiquement le second gant, comme pour indiquer l'énergie farouche et la détermination inébranlable du modèle sous son apparence débonnaire. En conclusion, le traitement psychologique de notre "bourgeois gentilhomme" dans ce portrait nous semble très réussi : la corpulence du modèle (visible, par exemple, dans la chemise qui dépasse du gilet entrouvert) devient un attribut de sa réussite sociale, et Largillière réussit à conférer à ce visage sans grâce particulière une grande humanité qui rend ce personnage sympathique. 4. Quelques-uns des portraits d'apparat de Largillière datant de 1725-1730 Trois portraits d'apparat de Largillière, exécutés entre 1724 et 1730, présentent d'intéressantes similitudes avec le portrait de Monsieur Aubert, en particulier si l'on observe les mains des modèles. Si la main droite de Monsieur Aubert est très proche de celle de Konrad Detlef (Herzog Anton Ulrich Museum - Brünswick - Allemagne, neuvième photo de la galerie), sa main gauche gantée rappelle le portrait de Barthélemy Jean-Claude Pupil (Putnam Foundation, Timken Museum of Art - San Diego - Californie - USA - dixième photo de la galerie). Dans ce portrait de 1729, on retrouve plus généralement une grande similitude dans l'attitude générale du modèle, mais aussi dans l'inclusion d'un grand livre à la droite du modèle. Cette opposition entre la main droite non gantée et la main gauche gantée est un topos récurrent dans les portraits d'hommes de Largillière de cette période, comme l'illustre le portrait de Sir Robert Throckmorton (Coughton Court - National Trust - Royaume-Uni - dernière photo de la galerie). 5. Encadrement Notre tableau est encadré dans un somptueux cadre de style rocaille d'époque Louis XV. Exécutée en bois sculpté et doré, elle présente des cartouches ajourés ornés de coquillages et de cabochons en forme de poire, ainsi que des branches fleuries. Quelques références bibliographiques : Catalogue de l'Exposition Largillière - Palais des Beaux-Arts de la Ville de Paris (Petit Palais) 1928 Catalogue de l'exposition Nicolas de Largillière (1656-1746) - Musée Jacquemart-André Paris Largillière portraitiste du dix-huitième siècle - Musée des Beaux-Arts de Montréal 1981
  • Créateur:
    Nicolas de Largillière (1656 - 1746, Français)
  • Année de création:
    1725-1730
  • Dimensions:
    Hauteur : 164,01 cm (64,57 po)Largeur : 133,53 cm (52,57 po)
  • Support:
  • Mouvement et style:
  • Période:
    1720-1729
  • État:
    Taille non encadrée : 134,5 x 103 cm (53'' x 40 ½'').
  • Adresse de la galerie:
    PARIS, FR
  • Numéro de référence:
    1stDibs : LU1568213419082

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On reconnaît cependant la forme du nez, les pommettes assez hautes, les sourcils finement arqués et la même position de l'oreille dans les deux portraits, malgré la différence de pose, plus frontale chez Bronzino. On retrouve également la même barbe bifide, blanchie par le temps. On peut se demander si l'élégant chapeau du portrait de Bronzino ne cache pas une calvitie naissante. Le béret posé sur la table trente ans plus tard pourrait alors être interprété comme un autre élément naturaliste, le modèle s'acceptant tel qu'il est et acceptant de donner une image la plus proche possible de la réalité physique. Enfin, il est intéressant de comparer les deux expressions, et l'évolution entre le regard distancié et interrogateur du jeune homme peint par Bronzino et le regard intense et légèrement angoissé de l'homme âgé peint par Tito. 6. Quelques informations biographiques sur Bartolomeo Panciatichi Né le 21 juin 1507 à Lyon, où son père avait des intérêts commerciaux, le jeune Bartolomeo entre comme page à la cour de François Ier. Ses liens avec la France sont destinés à durer, puisque Cosimo I+I nomme plus tard Bartolomeo ambassadeur en mission diplomatique auprès du roi qu'il avait autrefois servi, puis auprès d'Henri II. Bartolomeo étudie à Padua entre 1529 et 1531, puis à Lyon, où il entre en contact avec les milieux réformateurs français. En 1534, Bartolomeo épouse Lucrezia di Gismondo Pucci et le couple s'installe à Lyon, ne revenant à Florence qu'à la fin des années 1530. Les voyages entre Florence et la France sont documentés en 1539, 1547, 1549 et 1552, mais ils étaient sans doute plus fréquents. L'intérêt du couple Panciatichi pour les doctrines de la Réforme leur a valu d'être jugés pour hérésie luthérienne en 1552 et de devoir se rétracter publiquement. Ils ont adhéré à une stricte orthodoxie catholique après leur abjuration. Bartolomeo Panciatichi a développé des contacts assez étroits avec le monde littéraire, qui ne se limitait pas à Florence, comme en témoigne son amitié avec Pietro Aretino, établi à Venise. Connu de ses contemporains principalement comme poète latin, Bartolomeo rejoint l'Accademia degli Umidi le 2 janvier 1541, quelques semaines avant Bronzino, et peu avant que le groupe ne devienne l'Accademia Fiorentina. Son portrait fait partie d'un groupe de cinq tableaux commandés par Bartolomeo à Bronzino entre 1540 et 1545 : trois scènes religieuses, deux Saintes Familles et un Christ crucifié inspirés par des idées réformistes, et deux portraits de lui et de sa femme. Nommé sénateur en 1567, Bartolomeo Panciatichi poursuit ensuite une carrière politique, devenant commissaire de Pistoia en 1568 et de Pise en 1578. 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Portrait d'un homme
52 500 $US
Portrait d'une femme âgée du 17ème siècle par Giuseppe Assereto
Par Giuseppe Assereto
Giuseppe Assereto (Gênes - 1626 ca - Gênes 1656/57) Titre : Portrait d'une femme âgée, peut-être Maddalena Massone, épouse de Gioacchino Assereto Médium : Huile sur toile Dimensions ...
Catégorie

Début du XVIIe siècle, Maîtres anciens, Peintures - Portrait

Matériaux

Toile, Huile

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