Antoine Rose

Rive verte

2012

Série Up&Up - Antoine Rose a commencé à travailler sur la série Up&Up en 2002, alors qu'il tournait la Coupe du monde de kitesurf à Rio de Janeiro ; perfectionniste, il a consacré quelques années à affiner ses idées. La série "Up in the air" a reçu un accueil très chaleureux de la part du public. Ses œuvres sont principalement des photographies surdimensionnées, montées à l'aide d'un procédé breveté Diasec. Ils offrent des panoramas capturés à partir d'une vue d'oiseau. Il y a toujours un contraste entre ces deux registres, disposés horizontalement ou verticalement : le champ irrégulier de l'océan calme ou tourbillonnant, dans une couleur bleu-vert, d'une part, et le registre régulier de la plage, où les personnes bronzées et les artefacts - parasols, draps et serviettes de plage, ou transats - ajoutent une variété de couleurs naturelles et respectivement industrielles, d'autre part. En raison de la distance aérienne, ces éléments apparaissent comme de petits motifs géométriques ou des pièces de puzzle dispersés sur le sable blanc jaunâtre de la surface de la plage baignée de soleil ou comme un motif à pois sur un immense tissu. Les photographies surdimensionnées obligent donc le spectateur à regarder de plus près pour distinguer ce qu'elles représentent réellement. À cet égard, l'appareil photo puissant de Rose permet d'obtenir la plus haute résolution, même pour les plus petits détails. Ces représentations miniatures transforment les paysages aériens naturels en peintures abstraites et inscrivent les œuvres de Rose dans une démarche artistique minimaliste. L'artiste introduit une tension entre le réel et le virtuel, entre ce que l'on semble voir et ce que l'on voit réellement, entre le visible et le caché. Outre la dimension esthétique, la lecture des photographies de Rose comporte une dimension anthropologique et sociologique : des personnes partageant des comportements communs et s'exposant comme des troupeaux hédonistes. Les images fixes de personnes nageant, surfant ou simplement assises sur leur pad de plage suggèrent une vitrine ou, vu la distance, un insectarium. On peut même y voir une connotation religieuse : la vue à vol d'oiseau fait apparaître les hommes comme des points insignifiants dans l'espace infini de l'univers, écrasés par l'immensité du champ d'eau, rappelant le déluge universel biblique ; vus du ciel, comme à travers les yeux de Dieu, les hommes et la nature coexistent dans des relations harmonieuses ou tendues. Exposées sur le mur de la galerie, les surfaces horizontales de la plage et de l'océan vues d'en haut bas basculent sur un plan vertical, perturbant ainsi la perception frontale du spectateur. Ce n'est que par le processus mental que le spectateur perçoit que les images ont été prises en vue aérienne. L'artiste s'appuie ainsi sur la participation active et la réceptivité du public. Les photographies de Roses figurent dans de prestigieuses collections privées et d'entreprises et font partie de la collection permanente du Museum of Arts and Design (NY, USA).