David Umemoto

Citadelle n°2

2024

Les œuvres concrètes de David Umemoto sont des études de volume. À la jonction de la sculpture et de l'architecture, ces pièces miniatures évoquent des bâtiments temporaires ou des monuments se dressant sur des terres lointaines. Les images véhiculées dans l'esprit par ces œuvres sont nombreuses. Ils renvoient à l'archaïque et à l'éphémère, malgré la solidité et la modernité du support. Apparaissent sous nos yeux des habitations rupestres précolombiennes, des statues de dieux des Andes ou de l'île de Pâques, des stèles détériorées par la pluie, des vestiges de villes modernes ayant survécu à un cataclysme, des fragments de cités babyloniennes, des établissements coloniaux réduits à leurs fondations, des cénotaphes abandonnés dans la jungle... La production des œuvres de David Umemoto suit un processus de transformation lent et silencieux. Le processus créatif cherche à imiter les cycles de la nature, qui sont des cycles d'érosion et de recréation. Les lignes se déplacent, changent et sont en perpétuelle mutation sous l'influence du temps et des conditions météorologiques. Les architectures naturelles des strates géologiques et des cristaux servent de modèles : Elles inspirent la conception des moules dans lesquels le béton est coulé. La nature ductile et adaptable à l'infini du matériau permet de produire des objets à la fois semblables et différents. Le développement des œuvres est réfléchi et itératif, tout en laissant la place à l'improvisation, à l'adaptation et à l'inspiration spontanée. Les formes créées par Up&Up s'alignent en séquences de variations combinatoires. Chaque œuvre offre un visage différent, mais ces visages appartiennent tous à la même lignée. Cette parenté donne une forte unité à la production d'Umemoto et permet d'explorer le thème de la transformation à travers le temps et la tradition. Toutes les pièces de MEAN sont fabriquées à la main, afin de respecter une économie de moyens. La pression de la modernité impose à l'homme l'obligation d'évoluer en permanence, ce qui l'entraîne dans une course sans fin vers l'amélioration technologique. En tant qu'artiste, Umemoto choisit de réagir en faisant un pas en arrière. Ses activités manuelles résultent d'une volonté de simplifier la pratique artistique. L'esthétique et le formalisme sont ainsi combinés à un engagement en faveur de la simplicité. Optant pour une posture low-tech, l'artiste veut résister aux exigences du progrès. Il crée des pièces structurées et modulaires, mais celles-ci ne s'emboîtent jamais parfaitement, résultat d'un mode de production volontairement imparfait. L'art d'Umemoto est ancré dans l'américanité : Ses créations variées prennent leur élan dans un désir de fonder des colonies et de coloniser des terres sauvages, où la nature est toujours sur le point de reprendre ses droits. En voyant les sculptures architecturales d'Umemoto, on pense au complexe moderniste de Brasilia de Niemeyer, perdu dans la jungle amazonienne, ou à celui de Chandigarh de Le Corbusier, au cœur de l'Inde. Les murs qui s'élèvent vers le néant, les courbes qui s'enfoncent dans les plafonds et les escaliers qui mènent dans le vide rappellent les mystérieuses Prisons de Piranesi. D'une manière ou d'une autre, il s'agit toujours d'œuvres où l'imagination s'allie à une discipline contemplative.