Ce diptyque puissant et vivement coloré de Malcolm Maloney Artistics (né en 1955), artiste Warlpiri de renom, est un exemple extraordinaire d'art aborigène contemporain, puisant profondément dans le savoir culturel, la mémoire ancestrale et la gestion de l'environnement. Décrivant le récit sacré de la création du système fluvial du Lander, cette peinture est à la fois un chef-d'œuvre visuel et une carte spirituelle, retraçant un voyage à travers la géographie, la parenté et le Rêve (Jukurrpa).
Au premier coup d'œil, la toile est pleine d'énergie. Des tourbillons de cercles concentriques aux riches couleurs ocre, rouge, jaune et bleu dominent la composition, entraînant le spectateur dans le flux en spirale de la rêverie. Ces formes ne sont pas simplement décoratives, elles sont porteuses d'une profonde signification culturelle. La ligne bleue qui serpente au centre des deux toiles est une représentation géographique stylisée mais surprenante de la Lande, représentant son parcours sinueux à travers le centre de l'Australie, du pays d'origine de l'artiste, la Willowra, à Purtulu (Mont Theo), la terre de sa mère.
Purtulu, qui signifie "colonne vertébrale" en warlpiri, forme non seulement une destination physique, mais aussi un axe métaphorique qui assure la cohésion du tableau. Cette colonne vertébrale est à la fois personnelle et cosmique - elle représente l'épine dorsale de la terre, la structure de la tradition ancestrale et l'héritage familial de Jagamarra. L'œuvre est ancrée dans les obligations de parenté et les responsabilités de l'artiste envers le pays, avec des références spécifiques aux rôles de kirda (propriétaires du Rêve) et de kurdungulu (gardiens). Dans la culture Lande, cette dynamique relationnelle est fondamentale : c'est le système qui permet de prendre soin de la terre, d'entretenir les histoires et de respecter les lois ancestrales.
Les Goannas rêveurs, placés à chaque extrémité des toiles, sont des figures ancestrales clés. Leur présence ne signale pas seulement la nature sacrée de ce voyage, mais reflète également l'iconographie traditionnelle des Warlpiri - notez les formes en "U", qui sont utilisées pour désigner les ancêtres assis. Le goanna est un être totémique, et ses modes de chasse et ses relations écologiques se reflètent dans le comportement humain. Pour maintenir la santé de la terre et soutenir la population de goanna, il est nécessaire de brûler le pays régulièrement. La Lande fait référence à cette pratique en décrivant l'herbe spinifex et les terrains de chasse, en reliant des êtres mythologiques à des pratiques écologiques tangibles et en brouillant la frontière entre le récit et la science, la croyance et la gestion des terres.
La toile de gauche contient le Rêve du hibou, où l'on peut discerner un visage abstrait du hibou, hanté et vigilant. Le hibou, observateur silencieux de la nuit, apporte la sagesse et un sentiment d'inquiétude. Il s'agit d'un esprit puissant présent dans de nombreuses traditions aborigènes. Pendant ce temps, la toile de droite se tourne vers le Warna, ou Rêve du serpent. Le serpent, sinueux et lié à l'eau, est à la fois créateur et destructeur, et son mouvement fait écho à celui de la rivière. Le corps du serpent, tissé en une spirale hypnotique, est une représentation symbolique des cours d'eau qui donnent vie et forme au désert central.
Cette œuvre d'art est plus qu'une peinture, c'est un enseignement. Il codifie les connaissances sur l'écologie, la gestion du feu, les rôles de parenté et la géographie sacrée. Il est à la fois autobiographique et communautaire, une carte de la mémoire et de l'appartenance. Créé dans le cadre des traditions vivantes de la loi Lande, il témoigne de la relation indissociable entre l'homme et la terre dans la vision du monde des Aborigènes. L'œuvre de Malcolm Maloney Jagamarra est une expression puissante de ce lien, sa main étant guidée non seulement par le pinceau, mais aussi par l'héritage, la cérémonie et le rêve.
Son parcours, des
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