26 juin 2022La famille de Katharine Pooley a une devise : Conare et vinces — essayez et vous réussirez. Elle a appliqué cette devise très tôt, en travaillant d’abord dans une banque d’investissements internationale, puis en fondant il y a 18 ans sa grande agence de décoration et d’architecture. Des expériences couronnées de succès.
Aujourd’hui, l’équipe de Katharine Pooley Design Studio, qui compte près de 50 membres, gère des projets dans le monde entier, pour des espaces allant de 300 à 10 000 m².
Même si Katharine Pooley figure parmi les décoratrices les plus connues de Londres, la capitale du Royaume-Uni ne représente que 20 % de son activité. Les maisons de campagne du pays en constituent 20 % supplémentaires, et celles situées à l’international les 60 % restants.
Rien que cette année, elle travaille aux États-Unis, en France, à Monaco, en Suisse, à Majorque, en Inde, à Malte, à Hong Kong, au Koweït, à Abou Dabi et à Dubaï. Les résidences privées constituent la majorité de ses projets, mais l’agence travaille aussi pour des boutiques, des hôtels et des yachts de luxe.
Katharine Pooley cite son père Robert Pooley MBE comme une grande source d’inspiration. Après avoir servi dans la Royal Air Force, il a fondé en 1957 la société Pooleys Flight Equipment, qui est toujours l’adresse incontournable du secteur de l’aviation mondiale où trouver des équipements de vol et de navigation. Ensuite, il a créé Pooleys Sword, le principal fournisseur d’épées militaires et de présentation pour les Forces armées britanniques. Elle-même a été titulaire d’une licence d’hélicoptère pendant plusieurs années.
« C’est dans mes veines », explique Katharine Pooley. « La première chose que j’ai apprise quand j’étais enfant, ce n’est pas l’alphabet classique, mais Alpha, Beta, Charlie, Delta. »
Après avoir suivi des études universitaires à l’Institut National des Sciences Appliquées (INSA) de Lyon, Katharine Pooley s’est installée en Asie afin de travailler pour la banque Morgan Stanley, qu’elle a quittée pour la Barclays, d’abord à Hong Kong, puis à Singapour, au Vietnam et au Bahreïn. Elle précise qu’en vivant à l’étranger, « j’ai laissé libre cours à mon amour de la décoration en achetant toutes sortes d’objets d’art, dont des textiles, des tapis et des antiquités ».
Après 16 ans, elle est retournée à Londres avec son mari Daniel. Sur un commun accord, elle a changé de carrière afin de se consacrer à sa passion pour les intérieurs en ouvrant une boutique sur Walton Street, à Chelsea, qui proposait des articles qu’elle avait chinés au cours de ses longs voyages.
C’était en 2004. Ses clients lui ont rapidement demandé de s’occuper de la décoration de leurs maisons, et la boutique est devenue une agence de décoration à part entière. En 2012, elle a ouvert une deuxième galerie à Doha, renforçant ainsi ses liens avec cette région.
À présent, son activité est florissante. Elle attire sans cesse de nouveaux clients et nombreux sont ceux qui repassent commande. C’est le cas notamment pour un appartement dans The Lancasters, un des plus beaux bâtiments résidentiels de Londres, donnant sur Hyde Park. Il a été demandé à Katharine Pooley de fusionner deux appartements afin de créer une maison magnifique pour une famille venant de l’étranger.
Le salon particulièrement spectaculaire est dominé par un lustre doté de baguettes de verre soufflé à la main qui semble flotter au plafond. « Nous créons nous-même la majorité de nos luminaires », explique Katharine Pooley. « J’adore le côté théâtral et le panache de celui-ci. »
Pour l’espace, elle a choisi une palette de couleurs féminines avec du rose, du crème et du rose tendre. « Je l’ai conçu en pensant surtout à la femme de la maison, tout en faisant attention à ce que les hommes puissent aussi s’y installer confortablement », ajoute-t-elle. À une extrémité de la pièce se trouvent des tables basses au plateau en résine asymétrique et au pied en métal liquide conçues par l’agence, ainsi que des consoles en bronze et en cristal de roche de Simon Orrell, placées dans des niches de chaque côté de la cheminée.
À l’autre extrémité, l’agence a créé de grands canapés à la forme arrondie, tandis que les tables basses avec dorures et wengé, sur plusieurs niveaux, ont été fabriquées en collaboration avec Boca do Lobo. La console en métal à la forme particulière d’Adam Williams a un coloris sur mesure réalisé pour l’agence, et elle est recouverte de marbre de Calacatta Oro.
Au fil des années, Katharine Pooley a travaillé avec quelques promoteurs qui partagent son engagement pour une qualité exceptionnelle. C’est le cas par exemple pour une belle maison de ville Queen Anne dans les chics Rutland Gardens de Kensington qui avait besoin d’être totalement repensée.
« Nous savions qu’elle allait probablement faire office de résidence secondaire », explique Katharine Pooley, « alors j’ai demandé au client de résoudre certains problèmes, comme l’équilibre entre les besoins de rangement et la circulation dans l’espace. Le but était de trouver comment vivre dans des conditions parfaites, où chaque détail a été pris en compte, jusqu’à la meilleure place pour le service à café. »
Elle a gardé des tons neutres afin de permettre aux futurs acquéreurs de remettre la maison à leur goût en ajoutant des tissus d’ameublement et des œuvres de leur choix. Mais il était important de la décorer pour attirer le bon acheteur, en juxtaposant antiquités et art contemporain. Résultat : une maison harmonieuse et mise en valeur, avec de superbes finitions, comme des sols en marbre sans joints, et dotée d’un caractère propre. Sans surprise, elle a été vendue immédiatement.
Parmi les projets que Katharine Pooley a préférés, il y a cette maison à Notting Hill qu’elle a décorée pour un jeune couple. Ils avaient une telle confiance en ses propositions qu’ils ne lui ont jamais demandé une seule modification. « Elle avait été rénovée par un promoteur », explique-t-elle, « mais de manière très peu réfléchie. Nous devions donc repartir de zéro pour un grand nombre des éléments principaux, dont le revêtement de sol et la piscine, mais nous avons travaillé dur afin de la terminer en huit mois. C’était au moment du premier confinement. »
Les clients appréciant les objets de qualité, Katharine Pooley a fait des commandes auprès des meilleurs artisans, dont les ébénistes Halstock et Silverlining, et acheté un piano chez Steinway, des portes d’ascenseur sur mesure chez Based Upon, un billard chez William Bentley, des suspensions en albâtre chez Hervé van der Straeten et un papier peint à la main chez Fromental. Elle a obtenu ainsi un mélange de confort et de style décontracté, pour une maison emplie d’une grande énergie tout à fait adaptée à ses clients.
Katharine Pooley possède elle-même plusieurs propriétés soigneusement choisies dont une élégante maison de ville à Londres, une magnifique maison de campagne à Oxfordshire, une maison de vacances au style des Hamptons dans le Devon, un château romantique en Écosse et un tout petit refuge dans le Lake District, du nom de Little Nut Cottage. « Là-bas, les couleurs de l’automne sont comme celles du Vermont », précise-t-elle. « C’est incroyablement beau. »
Elle a acheté le cottage en 2020. Elle l’a complètement vidé et rénové, puis l’a décoré dans des tons naturels avec des touches de bordeaux. Loin de se poser des limites du fait du petit espace, elle a vu aussi grand que possible, avec des meubles tels qu’un canapé d’angle sur mesure dans le salon et un lit à baldaquin minimaliste en chêne tacheté, créé par ses soins pour la chambre parentale.
Parmi ses touches favorites figurent les fleurs en céramique situées derrière son lit. Elles proviennent du monde entier et représentent chacune une fleur que l’on trouve dans la région de Lake District. Elle adore aussi écumer les galeries d’art locales pour y dénicher des peintures d’artistes britanniques comme Richard Cook et Jeremy Gardiner.
Chaque année, Katharine Pooley écrit une liste d’objectifs, liés à sa carrière mais aussi à son épanouissement personnel. « J’adore ce que je fais, mais je peux accomplir bien plus. J’aime aussi donner de mon temps », explique Katharine Pooley, qui fait partie des membres de la British Forces Foundation et du King’s Medical College, qui est ambassadrice de l’association pour la santé des femmes Lady Garden et qui milite pour la Campaign for Wool, d’envergure internationale, entre autres engagements philanthropiques.
« La communauté des décorateurs d’intérieur est tellement privilégiée que j’ai le sentiment que nous pourrions arriver à faire bien plus pour la société, la planète et nos enfants si nous nous unissions tous pour le bien commun. »