18 juillet 2021Le monde de la joaillerie de luxe comprend des pièces célèbres comme le bracelet Love de Cartier, le cadeau d’anniversaire par excellence, le collier Alhambra de Van Cleef & Arpels, un incontournable vintage pour les femmes modernes, et le bracelet manchette Elsa Peretti pour Tiffany & Co., une légende du design américain.
Ces pièces de base sont des signes extérieurs de richesse faciles à repérer. Mais si l’on s’intéresse à la haute joaillerie, le cercle d’influence se rétrécit considérablement, et les pièces recherchées deviennent même plus rares qu’une voiture classique ou qu’une montre au mécanisme complexe et à édition limitée.
La haute joaillerie d’aujourd’hui n’inclut pas seulement les grands joailliers et fabricants de montres comme Cartier, Van Cleef & Arpels, Piaget et Bulgari. Les maisons de haute couture comme Chanel, Louis Vuitton, Hermès et Gucci ont elles aussi leurs propres lignes de bijouterie d’art et de haute joaillerie, où les pierres et métaux précieux viennent orner les motifs qui les caractérisent, logos y compris. Les maisons de haute couture et de haute joaillerie présentent leurs collections au mois de juillet à Paris, lors de la semaine de la mode ou « fashion week », dédiée à la haute couture. Les bijoux de haute joaillerie ont pris tellement de valeur qu’ils sont dorénavant présentés à leurs clients les plus fidèles lors d’événements uniques, des galas privés aux voyages à l’autre bout du monde.
Le marché secondaire connaît lui aussi un essor exceptionnel. C’est là qu’Opulent Jewelers entre en jeu. Après avoir travaillé dans plusieurs bijouteries traditionnelles, le PDG et fondateur Jonathan Yedwabnik a créé la société en 2000 en se concentrant sur un service client individuel, ce qui l’a rapidement conduit sur le marché des bijoux de créateurs et de succession.
Jonathan Yedwabnik a d’abord proposé des pièces qui ont fait leurs preuves comme les bracelets Love. Mais le bijoutier basé en Pennsylvanie a ensuite trouvé une clientèle plus spécifique, un groupe de collectionneurs spécialisés dans la haute joaillerie, et a depuis organisé sa collection en fonction de leurs goûts. Des bijoux fantaisie distinctifs de Chanel aux pièces étincelantes de Graff composées de pierres précieuses rares taillées sur mesure, Jonathan Yedwabnik se concentre sur des pièces exceptionnelles qui peuvent remonter jusqu’aux années 1950 mais datent le plus souvent des années 1990, une décennie désormais reconnue dans le secteur pour ses conceptions et ses fabrications exceptionnelles.
Dans le showroom de Jonathan Yedwabnik, situé dans le comté de Bucks, se trouvent toujours des bracelets Love, mais il s’agit de versions plus rares, ainsi que des bracelets Louis Vuitton au monogramme en or ou un bracelet étrier vintage Hermès en or, des pièces au statut moins marqué.
Introspective a rencontré Jonathan Yedwabnik pour parler de ce lien entre mode et haute joaillerie.
Vous proposez les principales marques de bijoux, mais votre collection inclut aussi de la haute joaillerie issue de maisons de haute couture comme Chanel et Louis Vuitton. Pourquoi avez-vous décidé de les ajouter à votre assortiment ?
Je travaille presque uniquement avec des créateurs de bijoux pour leur travail de qualité. Et si la marque est réputée, elle est plus facile à reconnaître. Je privilégie toujours Cartier et Van Cleef, avec qui la qualité est garantie.
Je voyage dans le monde entier et travaille avec des personnes très influentes, qui se lassent de voir les mêmes pièces. C’est comme une robe de mariée qui ne se porte qu’une fois. Elles veulent donc revendre leurs bijoux. Nous avons régulièrement de nouvelles pièces. C’est ainsi que nous avons fait l’acquisition de certains de ces articles de haute joaillerie très spéciaux, uniques en leur genre.
Existe-t-il des tendances en haute joaillerie ? Comment les gérez-vous pour vos clients ?
Je pense juste que j’ai l’œil. J’achète ce qui m’intéresse. Je ne suis pas la mode, ni les tendances des marques. Nous restons concentrés sur le côté haute joaillerie. Quand j’ai commencé à m’intéresser davantage au marché des bijoux de créateurs et de succession, je savais que j’avais trouvé ma vocation. L’aspect recherche et histoire est aussi intéressant que la pièce elle-même, et la rend encore plus spéciale.
En quoi la pandémie a-t-elle influencé le secteur ?
Nous proposons des rendez-vous en vidéo. Nous aidons les clients à choisir les bijoux. Nous les conseillons par exemple sur les bijoux à assortir à une tenue particulière. Nous donnons aussi des formations sur l’entretien des bijoux.
L’année passée a été particulièrement chargée. C’est l’année où nous avons le plus travaillé. Tout le monde est coincé chez soi et fait ses achats en ligne. Je n’ai jamais vu une telle frénésie d’achat.
Quelle est l’une des pièces qui vous a le plus marqué ?
Un ensemble Van Cleef & Arpels avec de la tanzanite. C’est un exemplaire unique, et il me semble que j’ai même dû m’adresser à la direction pour le commander. Nous avons tous les croquis d’origine de la marque. Cet ensemble est vraiment spécial à cause de ses pierres.
À quoi peuvent s’attendre les clients quand ils achètent une pièce chez vous ?
Un grand nombre de pièces de haute joaillerie ont un emballage sur mesure. Les bijoux seront envoyés dans une boîte sur mesure spécifique, pourvue en général d’un renfoncement de la même forme, afin de rester bien positionnés et en toute sécurité pendant le transport. Nous apportons un grand soin à l’emballage pour que rien n’arrive aux bijoux pendant leur transport.
Il existe beaucoup de boîte à bijoux uniques. Chanel propose des emballages originaux, et Graff confectionne à la main de jolies boîtes en cuir à l’intérieur en daim.
Nous prenons aussi la précaution supplémentaire, en particulier avec les bijoux haut de gamme, d’envoyer les pièces au fabricant pour les authentifier [avant la mise en vente].
Pourquoi les clients recherchent-ils de la haute joaillerie ?
Ils recherchent ces pièces car elles représentent pour eux un investissement. Si vous connaissez les sacs Chanel, vous savez que les prix ne cessent d’augmenter. C’est la même chose avec la bijouterie d’art. En outre, plus la pièce est rare, plus le cercle de personnes qui en apprécient la valeur est restreint. Ils veulent ces pièces spéciales pour avoir l’exclusivité de porter quelque chose d’unique.
Y-a-t-il des pièces que vous aimez presque trop pour vous résoudre à les vendre ?
Les pièces de chez Graff. Elles sont vraiment incroyables. Les photos et les vidéos ne leur rendent même pas justice. Quand on les voit en vrai, il n’y a pas de mots pour les décrire. Graff utilise uniquement les meilleurs diamants, ce qui explique ses prix élevés. C’est la qualité, le savoir-faire. Les diamants sont clairs et translucides. Ces bijoux sont faciles à porter, tout comme ceux de Van Cleef & Arpels. Ils ne sont pas lourds, imposants ou inconfortables.
Que recherchent vos clients à l’heure actuelle ?
En ce moment, un de mes clients me demande quand je vais avoir davantage de haute joaillerie Chanel, en particulier les pièces avec les motifs Camélia et Comète, qui sont des intemporels incontournables Chanel très reconnaissables. Beaucoup de clients restent en général fidèles à une marque, car ils en connaissent l’histoire et tout ce qu’il faut savoir dessus, sauf s’ils font une découverte très spéciale. J’ai des clients qui m’envoient des SMS tous les jours pour savoir si de nouvelles pièces sont arrivées.
Comment voyez-vous l’évolution du secteur ?
Je ne pense pas du tout qu’il va ralentir. Les prix ne cessent de grimper. Il est difficile de se procurer des pièces car les ateliers sont fermés à cause de la pandémie. Je ne pense pas qu’il y aura beaucoup de nouvelles pièces de haute joaillerie cette année ou l’année prochaine. La pénurie est généralisée et elle touche aussi le secteur de la bijouterie. Les fabricants ont encore du retard à rattraper.