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Anna Greuze
Portrait de Jean-Baptiste Greuze, peint sur lin par sa fille Anna Greuze

1805

À propos de cet article

Cette réplique du dernier autoportrait de Jean-Baptiste Greuze peint en 1804, exécuté par sa fille Anna aux côtés de son père et récemment redécouvert, nous offre une image poignante du grand artiste, représenté avec panache malgré les désillusions de la vie. 1. Jean-Baptiste Greuze Sixième enfant d'un couvreur de Tournus, Jean-Baptiste Greuze a gardé de son enfance provinciale une certaine rusticité dans son comportement, au-delà de son goût pour la description de scènes pittoresques de la campagne. Il commence d'abord à se former auprès d'un peintre lyonnais peu connu, Charles Grandon, avant que son génie ne soit reconnu à Paris où il devient élève à plein temps de l'Académie (de peinture) en 1755. Il expose ses œuvres pour la première fois au Salon durant l'été 1755, avant de partir en voyage en Italie en compagnie de Louis Gougenot, abbé de Chezal-Benoît. De retour à Paris, Greuze devient un peintre prolifique, participant largement aux Salons organisés entre 1759 et 1765, auxquels il envoie pas moins de 63 tableaux : de nombreuses scènes de genre (Le Contrat de mariage, La Mère bien-aimée), mais aussi des portraits de son entourage familial, de courtisans et d'amateurs d'art, ou de ses collègues. L'Académie lui ferme les portes des Salons en 1767 pour ne pas avoir produit son morceau de réception dans les six mois suivant sa réception, comme le veut la tradition. Il travaille activement à ce tableau (l'empereur Severus réprimande son fils Caracalla qui a tenté de l'assassiner) jusqu'à l'été 1769, abordant pour la première fois des sujets historiques et mythologiques. Une fois celle-ci achevée, il a été pleinement admis à l'Académie, mais en tant que peintre de genre, et non en tant que peintre d'histoire, ce qui avait été l'une des plus grandes humiliations de sa vie. Greuze refuse ensuite toute participation aux manifestations organisées par l'Académie ou son successeur, l'Académie des Beaux-Arts jusqu'en 1800. Abandonnant la peinture d'histoire, il donne une nouvelle tournure aux scènes de genre, les rapprochant de la peinture d'histoire, comme dans cette paire de toiles qui constitue certains de ses chefs-d'œuvre : La malédiction paternelle : Le fils ingrat et La malédiction paternelle : Le fils puni . Marié en 1759 à Anne-Gabrielle Babuti, fille d'un libraire parisien, son mariage fut malheureux et sa femme probablement souvent infidèle. L'institution du divorce lui permet d'acter leur séparation en 1793, en gardant auprès de lui ses deux filles Anna-Geneviève, née en avril 1762, et Louise-Gabrielle, née en mai 1764. On sait peu de choses sur sa fille Anna, si ce n'est qu'elle était elle-même peintre et qu'elle a vécu avec son père jusqu'à sa mort. Il est probable que la plupart des tableaux qu'elle a produits jusqu'à cette date ont été attribués à son père, dont elle partageait largement la technique, ce qui rend extrêmement difficile l'établissement d'un corpus autonome de ses peintures. Greuze est mort dans son atelier du Louvre le 21 mars 1805. L'attention portée à l'expressivité de ses personnages et la charge émotionnelle qu'ils véhiculent ont permis à Jean-Baptiste Greuze de jouir d'une immense popularité auprès du public du XVIIIe siècle, et ils constituent encore aujourd'hui la véritable modernité de Greuze. Comme l'a dit l'artiste, "j'ai trempé mon pinceau dans mon cœur". Greuze était également un dessinateur exceptionnel et un portraitiste d'un immense talent et d'une longévité exceptionnelle qui a peint aussi bien le Dauphin (le fils de Louis XV et le père de Louis XVI) que le jeune Napoléon Bonaparte. 2. Les autoportraits de Greuze Greuze a été très influencé par les peintures hollandaises durant toute sa vie. Si la source de son inspiration pour les scènes de genre se trouve chez Gérard Dou et chez les peintres de Leyde, l'influence de Rembrandt a certainement été déterminante dans la création de ses nombreux autoportraits. Ce n'est qu'en 1800 que Greuze reprend sa participation aux Salons. Cet autoportrait est l'un des six tableaux envoyés, au début de sa quatre-vingtième année, au Salon qui s'est tenu durant l'été 1804. Il s'agit du dernier Salon auquel il a participé, 49 ans après son premier Salon en 1755. Ce portrait, aujourd'hui conservé au musée des Beaux-Arts de Marseille, a été peint peu avant le Salon de 1804. Il s'agit donc d'un véritable adieu de Greuze à la fois à son public et à l'art de la peinture, puisqu'il s'agit également de l'un de ses derniers tableaux. "Greuze était de taille moyenne, il avait un caractère fort, un front très large, des yeux vifs et profonds, un tempérament spirituel. Son approche annonçait la franchise et le génie, il était même difficile de ne pas dire "voilà Greuze" sans presque le voir. "Cette description faite par C.L. Lecarpentier dans Notice sur Greuze lue dans la séance de la Société libre d'Emulation de Rouen (1805) nous donne une description du peintre qui renforce la forte impression produite par ce tableau. Dans ce dernier autoportrait, Greuze reprend la composition d'un portrait qu'il avait peint une cinquantaine d'années auparavant et qui se trouve aujourd'hui au Musée de Tournus . Il se montre du doigt depuis l'extrémité de son porte-crayon et ce geste, plein d'optimisme dans le premier tableau de jeunesse, peut maintenant être lu comme une affirmation, malgré le poids des années, de sa capacité continue en tant que peintre. Comme le souligne Edgar Munhall dans le catalogue des expositions Greuze organisées en 1976, ce geste plein d'assurance, qui contraste avec l'expression inquiète et fragile du regard, évoque les mots de Jean-Jacques Rousseau auquel il a souvent été comparé : "Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme, ce sera moi". Le comparant aux autoportraits de Rembrandt, Arsène Houssaye écrit : "On sera surpris de la vigueur d'un peintre de quatre-vingts ans ; il est aussi franc et vrai qu'un portrait de Rembrandt ; il est moins fier et moins beau, mais il y a ce sentiment tendre qui anime tous les portraits de Greuze". Un mur oblique apparaît à la gauche du peintre (et donc à la droite du tableau), ce qui n'était pas le cas dans son premier portrait. Ce mur, placé perpendiculairement à la jonction entre la main et le porte-crayon, crée une impression de confinement. Il pourrait évoquer la marche inexorable du temps, l'approche de la fin de sa vie. Cette vision crépusculaire est renforcée par le choix d'une gamme chromatique sombre : un camaïeu de bruns, de gris et de lie de vin, sur lequel se détachent la blancheur des cheveux et la délicatesse du teint. Il existe deux autres versions de ce portrait dans des collections publiques : l'une au musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg (Russie), l'autre (beaucoup moins fidèle) au Phoenix Art Museum (Arizona - États-Unis d'Amérique). Notre tableau semble avoir été peint par sa fille très peu de temps après celui présenté au Salon de 1804, puisque l'inscription à son dos nous indique qu'il a été offert en 1805, probablement juste après la mort du peintre, par sa fille Anna Greuze à la comtesse de La Tour. Le Catalogue Raisonné indique que Greuze avait peint un portrait du Marquis de La Tour vers 1780 (catalogue 1205). Bien qu'il ne soit pas possible d'établir avec certitude un lien entre ce modèle et la destinataire de ce cadeau, on peut supposer qu'elle était une amie proche du peintre. En tant que tableau d'adieu, notre peinture devient, par la mort du peintre et sa transmission à une personne aimée, un souvenir de sa vie. Il est très difficile de savoir dans quelle mesure Greuze a pu être impliqué dans la réalisation de ce tableau lors de son exécution par sa fille. Sur la base de l'inscription figurant sur le cadre, il est toutefois très probable que Greuze était encore en vie lorsque l'œuvre a été peinte. En tout cas, la technique apparaît très habile : une couche picturale très fine, aujourd'hui profondément ancrée dans la toile originale, et peinte sans repentir apparent. Cet autoportrait crépusculaire nous place au cœur même de l'œuvre de Greuze : en affirmant son statut de peintre, et en faisant de ce dernier autoportrait une véritable Allégorie de la peinture, Greuze s'inscrit dans l'Histoire de la peinture comme un descendant direct de Rembrandt. En exécutant cette réplique pendant les derniers jours de son père, sa fille Anna révèle son immense complicité et, comme on aurait dit au XVIIIe siècle, sa "piété filiale". Enfin, en faisant don de ce tableau à un proche, elle remplit le rôle de transmission et de mémoire qui fait de ce tableau un vestige si émouvant de Jean-Baptiste Greuze. Principales références bibliographiques : Camille Mauclair - Jean-Baptiste Greuze (suivi du Catalogue Raisonné de l'Œuvre peint et dessiné par J. Martin et C. Masson) Paris Edgar Munhall - Jean-Baptiste Greuze 1725-1805 (catalogue de l'exposition organisée successivement au Wadsworth Atheneum de Hartford, au California Palace of the Legion of Honor de San Francisco et au Musée des Beaux-Arts de Dijon)
  • Créateur:
    Anna Greuze (1762 - 1842, Français)
  • Année de création:
    1805
  • Dimensions:
    Hauteur : 67 cm (26,38 po)Largeur : 58 cm (22,84 po)
  • Support:
  • Mouvement et style:
  • Période:
  • État:
    Cadre doré d'époque Louis XVI - Dimensions 67 x 58 cm encadré Signé et daté au dos du cadre : "fait et donné à Mme Comtesse de La Tour par Anna Greuze 1805". Ce tableau a été restauré - rapport d'état disponible sur demande.
  • Adresse de la galerie:
    PARIS, FR
  • Numéro de référence:
    1stDibs : LU156828245552
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On sait peu de choses sur sa formation à Florence (peut-être aux côtés de Bronzino ou de Baccio Bandinelli), mais cette période de formation lui permet d'entrer en 1554 dans la Compagnie de Saint-Luc, la guilde des peintres de Florentine. Entre 1560 et 1564, Santi di Tito séjourne à Rome, où il fréquente l'atelier de Taddeo Zuccari. Ce séjour a eu une influence fondamentale sur son travail, grâce à la découverte de l'œuvre tardive de Raphael, mais aussi à ses rencontres avec les peintres Francesco Salviati et Federico Barocci. Vers 1565, Santi di Tito retourne à Florence, où il reste jusqu'à la fin de sa vie, partageant ses talents entre la réalisation d'importantes peintures religieuses et d'innombrables portraits. Il devient l'un des principaux peintres de la ville, se distinguant notamment par la création de grandes compositions religieuses dans lesquelles se reflète l'esprit de la Contre-Réforme. En 1568, Santi di Tito devient membre de la Confraternité de Saint Thomas d'Aquin, dont les membres sont de fidèles observateurs des principes élaborés lors du Concile de Trente. Vers 1574 (l'année de notre portrait), il réalise l'un de ses chefs-d'œuvre, La Résurrection, pour la basilique de Santa Croce à Florence dans laquelle il se démarque des œuvres florentines précédentes en proposant une représentation proche des textes sacrés, débarrassée de tout élément lascif ou purement ornemental. Son style, marqué par la préférence florentine pour le dessin, continue d'évoluer vers une peinture lumineuse et naturaliste qui inspirera les peintres de la génération suivante. 2. Santi di Tito en tant que portraitiste Malgré, ou peut-être à cause de l'ampleur de sa production et contrairement à ses peintures religieuses, les portraits de Santi di Tito n'ont pas fait l'objet d'une étude monographique à ce jour. Il a été établi que Santi di Tito dirigeait un atelier extrêmement actif dans la production de portraits, bénéficiant à la fois des commandes des Médicis et de celles des grandes familles de Florentine. L'inventaire des biens de Santi di Tito, dressé après sa mort le 5 novembre 1603. La liste des portraits qui témoignent de l'importance de cette activité est longue. Cette multiplication du portrait dans la seconde moitié du XVIe siècle reflète l'évolution politique de Florence où Cosimo 1er (mort en 1574, année de notre portrait) instaure une cour à l'organisation hiérarchique. D'une société républicaine et bourgeoise, la société florentine se transforme en une société aristocratique, dans laquelle les grandes familles imitent la famille grand-ducale des Médicis et commandent de nombreux portraits, souvent destinés à constituer des galeries d'ancêtres. L'une des caractéristiques des portraits de Santi di Tito est la description psychologique des personnages, au-delà de l'illustration du statut social par le choix des vêtements et des objets représentés. Deux autres portraits de sénateurs par Santi di Tito sont connus, démontrant l'intérêt de Florentine pour ces portraits d'apparat. 3. Description du portrait Notre sénateur est représenté de trois-quarts, dans un cadre architectural qui pourrait être son bureau. Il est vêtu de l'habit d'apparat des sénateurs de Florentine : une veste bleu nuit recouverte d'une chasuble à liseré rouge, composée d'une gaze transparente devant et d'un tissu de la même couleur que la veste, doublé d'une étoffe rouge, dans le dos. Le traitement de la gaze transparente est d'une grande fluidité. Par les ondulations qu'il donne à la chasuble, le peintre parvient à traduire la vie qui anime ce corps imposant. Notre sénateur tient une lettre pliée dans sa main droite ; son poignet repose sur une table drapée d'un tissu vert, tandis que dans sa main gauche il tient une paire de gants. Deux autres objets se trouvent sur la table à sa droite : un livre aux tranches ornées, dont on aperçoit le délicat fermoir, et sur lequel repose un béret quadrangulaire. Comme c'est souvent le cas avec des lettres similaires, elle nous fournit quelques informations sur le contexte de cette peinture. Bien que le nom du modèle ne soit pas indiqué, nous savons, grâce à l'inscription "annus aetatis suae 66 - PAD 1574", qu'il s'agit d'un homme de 66 ans, représenté en 1574. Notre attention est attirée par son regard impérieux ; la photographie rend son visage encore plus imposant, puisqu'il est légèrement allongé afin d'être vu sans déformation par le bas. Ce portrait est un équilibre entre l'imitation (imitare) et le portrait (ritrarre). La grande présence physique du modèle évoquée par sa stature imposante, la précision des proportions et la touche naturaliste du rendu de la barbe établissent un équilibre avec la signification symbolique du vêtement (qui indique clairement la fonction du modèle), et du seul élément de décoration (un livre posé sur la table, qui pourrait être une bible ou un livre de prière). 4. Analyse stylistique Si plusieurs éléments rattachent ce portrait à la tradition picturale florentine développée par les artistes maniéristes, le rendu plus naturaliste du visage témoigne de l'évolution stylistique de Santi di Tito. L'espace idéal dans lequel notre personnage est représenté est très moderne, plein de clarté et de simplicité parfaite, avec une certaine sophistication. Au-delà d'un premier plan délimité par un pilier à droite se trouve un espace concave qui enferme notre personnage. Cet espace architectural s'inscrit dans la tradition florentine développée au cours du XVIe siècle, selon laquelle les portraits se détachent sur un fond architectural, et non plus sur un paysage (comme, par exemple, dans le portrait de Bartolomeo Panciatichi par Bronzino, que nous présenterons plus loin). Le traitement très raffiné des mains rattache notre tableau à la tradition maniériste, et en particulier à l'art de Bronzino ou d'Alessandro Allori, comme l'illustre la comparaison entre la main droite de notre sénateur et la main gauche du jeune homme représenté vers 1560 par Alessandro Allori : La position de notre sénateur, le bras gauche légèrement replié le long du corps et la main droite posée sur la table, est le prototype d'une composition que Santi di Tito reprendra à plusieurs reprises pour des portraits officiels, comme ceux réalisés en 1589 pour Christine de Lorrain, à l'occasion de son mariage avec Ferdinand I+I, ou celui de Marie de Médicis, réalisé à la toute fin du XVIe siècle, avant son départ pour le trône de France. Un dernier détail est intéressant car il révèle l'évolution du style de Santi di Tito vers le naturalisme - et donc son éloignement du maniérisme. Le traitement de la barbe de notre sénateur, à la fois très élaboré et très libre, est proche de celui de l'un des deux fils de Guido Guardi, dans un célèbre portrait de Santi di Tito avec les trois hommes, probablement réalisé dans les années 1570-1580. 5. Proposition d'identification du modèle En 1722, Giuseppe Manni publie un recueil intitulé Serie de' senatori fiorentini, qui donne les principales références chronologiques de tous les membres du Sénat des Quarante-Huit depuis la création de cette institution en 1532. Seuls trois sénateurs remplissent les conditions et pourraient servir de modèle pour notre portrait : ils doivent être nés entre 1507 et 1508, pour avoir 66 ans en 1574. Le premier est Bartolomeo Panciatichi, né le 21 juin 1507 et décédé le 23 octobre 1582. L'autre est Giovanni Ugolini, né le 11 mai 1508 et décédé le 18 août 1588. Élu sénateur en 1540, il est commissaire de Tito et nommé ambassadeur auprès de Sa Sainteté le pape Grégoire XIII en 1572, ce qui semble exclure la réalisation de son portrait par Santi di Tito à Florence en 1574. Quant à Simone Corsi (8 décembre 1508 - 31 mars 1587, élu sénateur en 1556), son anniversaire semble trop proche de la fin de l'année pour permettre la livraison de son portrait en 1574. L'hypothèse Bartolomeo Panciatichi nous semble la plus intéressante, d'autant plus qu'il a posé vers 1545 pour un célèbre portrait de Bronzino dans lequel on retrouve un certain nombre de traits caractéristiques communs. S'il est toujours difficile de reconnaître un ami sur une photo prise trente ans plus tôt, il est certainement encore plus difficile de reconnaître un inconnu, représenté par deux peintres différents à trente ans d'intervalle. On reconnaît cependant la forme du nez, les pommettes assez hautes, les sourcils finement arqués et la même position de l'oreille dans les deux portraits, malgré la différence de pose, plus frontale chez Bronzino. On retrouve également la même barbe bifide, blanchie par le temps. On peut se demander si l'élégant chapeau du portrait de Bronzino ne cache pas une calvitie naissante. Le béret posé sur la table trente ans plus tard pourrait alors être interprété comme un autre élément naturaliste, le modèle s'acceptant tel qu'il est et acceptant de donner une image la plus proche possible de la réalité physique. Enfin, il est intéressant de comparer les deux expressions, et l'évolution entre le regard distancié et interrogateur du jeune homme peint par Bronzino et le regard intense et légèrement angoissé de l'homme âgé peint par Tito. 6. Quelques informations biographiques sur Bartolomeo Panciatichi Né le 21 juin 1507 à Lyon, où son père avait des intérêts commerciaux, le jeune Bartolomeo entre comme page à la cour de François Ier. Ses liens avec la France sont destinés à durer, puisque Cosimo I+I nomme plus tard Bartolomeo ambassadeur en mission diplomatique auprès du roi qu'il avait autrefois servi, puis auprès d'Henri II. Bartolomeo étudie à Padua entre 1529 et 1531, puis à Lyon, où il entre en contact avec les milieux réformateurs français. En 1534, Bartolomeo épouse Lucrezia di Gismondo Pucci et le couple s'installe à Lyon, ne revenant à Florence qu'à la fin des années 1530. Les voyages entre Florence et la France sont documentés en 1539, 1547, 1549 et 1552, mais ils étaient sans doute plus fréquents. L'intérêt du couple Panciatichi pour les doctrines de la Réforme leur a valu d'être jugés pour hérésie luthérienne en 1552 et de devoir se rétracter publiquement. Ils ont adhéré à une stricte orthodoxie catholique après leur abjuration. Bartolomeo Panciatichi a développé des contacts assez étroits avec le monde littéraire, qui ne se limitait pas à Florence, comme en témoigne son amitié avec Pietro Aretino, établi à Venise. Connu de ses contemporains principalement comme poète latin, Bartolomeo rejoint l'Accademia degli Umidi le 2 janvier 1541, quelques semaines avant Bronzino, et peu avant que le groupe ne devienne l'Accademia Fiorentina. Son portrait fait partie d'un groupe de cinq tableaux commandés par Bartolomeo à Bronzino entre 1540 et 1545 : trois scènes religieuses, deux Saintes Familles et un Christ crucifié inspirés par des idées réformistes, et deux portraits de lui et de sa femme. Nommé sénateur en 1567, Bartolomeo Panciatichi poursuit ensuite une carrière politique, devenant commissaire de Pistoia en 1568 et de Pise en 1578. Le choix d'un livre comme seul accessoire dans son portrait par Santi di Tito est doublement émouvant : il évoque évidemment l'intellectuel, mais la présence de fermoirs sur les côtés indique qu'il s'agit probablement plutôt d'un livre religieux et témoigne de sa profonde foi chrétienne. La majesté de ce portrait est rehaussée par son encadrement dans un magnifique cadre à cassettes en bois doré de la fin du XVIe siècle, qui est probablement son cadre d'origine. L'identification probable du modèle de ce portrait comme étant Bartolomeo Panciatichi ouvre un champ d'analyse fascinant. S'il est tout à fait exceptionnel d'avoir deux portraits d'un homme de la Renaissance peints à moins de 30 ans d'intervalle, le parcours de Santi di Tito, qui s'éloigne des séductions du maniérisme pour aller vers des images plus réalistes, suit l'évolution personnelle du modèle. 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