Agnes Martin

Louanges

1976

Née dans une ferme de la campagne du Saskatchewan, au Canada, Agnes Martin a immigré aux États-Unis en 1932 dans l'espoir de devenir enseignante. Après avoir obtenu un diplôme en éducation artistique, elle s'installe dans les plaines désertiques de Taos, au Nouveau-Mexique, où elle réalise des peintures abstraites aux formes organiques, qui attirent l'attention de la célèbre galeriste new-yorkaise Betty Parsons, qui convainc l'artiste de rejoindre sa liste et de s'installer à New York en 1957. Martin y a vécu et travaillé sur Coenties Slip, une rue du Lower Manhattan, aux côtés d'une communauté d'artistes - dont Robert Indiana, Ellsworth Kelly et Jack Youngerman - tous attirés par les loyers bon marché du quartier, les vastes lofts et la proximité de l'East River. Harbor Number 1 (1957), l'une des premières peintures new-yorkaises de Martin, combine l'abstraction géométrique de ses travaux antérieurs à Taos avec la nouvelle inspiration du paysage portuaire, évidente dans le choix de sa palette bleu-gris. Au cours de la décennie suivante, Martin a développé son format caractéristique : des toiles peintes de 1,80 m sur 1,80 m, couvertes d'un bord à l'autre de grilles méticuleusement tracées au crayon et recouvertes d'une fine couche de gesso. Bien qu'elle ait souvent exposé avec d'autres abstractionnistes new-yorkais, la recherche ciblée de Martin a tracé un nouveau terrain en dehors du vaste vocabulaire gestuel de l'expressionnisme abstrait et des répétitions systématiques du minimalisme. Sa pratique était plutôt liée à la spiritualité et s'inspirait d'un mélange de bouddhisme zen et d'idées transcendantales américaines. Pour Martin, la peinture était " un monde sans objet, sans interruption... ni obstacle ". C'est accepter la nécessité d'entrer dans un champ de vision comme on traverse une plage vide pour regarder l'océan".1 En 1967, au sommet de sa carrière, Martin doit faire face à la perte de sa maison au profit d'un nouveau projet immobilier, à la mort soudaine de son ami Ad Reinhardt et à la pression croissante de sa maladie mentale. Elle quitte New York et retourne à Taos, où elle abandonne la peinture pour se consacrer à l'écriture et à la méditation dans l'isolement. Son retour à la peinture en 1974 est marqué par un changement subtil de style : les compositions telles que Untitled Number 5 (1975) ne sont plus définies par la délicate grille de graphite, mais affichent des schémas géométriques plus audacieux, comme des parents éloignés de ses premières œuvres. Dans ces peintures tardives, Martine évoque la palette chaude du paysage désertique et aride où elle est restée jusqu'à la fin de sa vie.