M.C. Escher

Belvédère

1958

Rien n'est tout à fait ce qu'il semble être dans l'univers de Maurits Cornelis Escher (plus connu sous le nom de M.C. Escher). L'artiste néerlandais, célèbre pour ses gravures graphiques présentant des escaliers infinis, des perspectives tordues et des animaux autoreproducteurs, était un maître de l'illusion à plus d'un titre.

Les images d'Escher ne sont pas simplement des puzzles conçus pour jouer des tours au cerveau ; elles sont nées d'un désir d'élargir nos capacités de perception, de nous encourager à cultiver une curiosité naturelle et un esprit ludique vis-à-vis du monde qui nous entoure. Selon le galeriste new-yorkais Skot Foreman, l'artiste avait un don rare. "Il a combiné la structure et l'analytique du cerveau gauche avec la créativité artistique du cerveau droit", explique Foreman. "D'une certaine manière, il a transformé les images en univers hallucinants capables de repousser les limites de notre imagination, nous incitant à repenser le champ des possibles dans le cadre des lois de la nature."

Mais la création d'illustrations illusionnistes n'était pas le seul talent d'Escher. Il était également un diariste passionné, consignant par écrit ses pensées et ses frustrations tout au long de sa vie. Il s'est souvent plaint que ses images ne pouvaient jamais transmettre pleinement ses imaginations cérébrales. Dans le même temps, il a exprimé son impatience à l'égard de ceux qui ne pouvaient pas voir au-delà de l'attrait superficiel de ses motifs changeants. Escher était un artiste qui recherchait la perfection et se sentait incompris par le monde de l'art traditionnel.

"La chose la plus importante chez Escher est qu'il était toujours curieux, toujours en train de chercher et d'explorer. La plupart des gens perdent cette qualité en vieillissant, mais Escher a conservé un enthousiasme enfantin pour le monde", explique le cinéaste néerlandais Robin Lutz, dont le long métrage réfléchi , M.C. Escher : Journey to Infinity, marie des séquences documentaires à des animations et se déroule à un rythme tranquille, permettant à la prose spirituelle et intelligente d'Escher de nous guider doucement dans son évolution créative.

Escher avait toujours une loupe dans sa poche pour "apprécier les plus petits détails" à ses pieds, qu'il s'agisse d'une plante grimpant sur un rocher, d'un papillon ou d'une sauterelle. Il avait une véritable passion pour les voyages et a passé plus de dix ans à Rome avec sa femme, Jetta, et sa jeune famille. C'est là qu'il a joué pour la première fois avec les perspectives multiples, dessinant l'architecture de la ville la nuit pour éviter les "fioritures baroques excessives" qu'il jugeait trop gênantes à la lumière du jour. Un autre développement important a été déclenché par une visite en 1936 du palais de l'Alhambra à Grenade, en Espagne. Inspiré par les carreaux mauresques du repère du XIVe siècle, Escher commence à expérimenter des motifs répétitifs, ou tessellations, créant ses premières gravures sur bois et lithographies d'oiseaux, de lézards et de poissons métamorphosés qui s'imbriquent et remplissent toute la surface du papier à la manière d'un puzzle.

Pendant et juste après la Seconde Guerre mondiale, Escher a produit nombre de ses œuvres les plus célèbres, réactions émotionnelles à un monde plongé dans le chaos. Cette période marque le début de sa fascination pour les escaliers impossibles, les chutes d'eau sans fin et les natures mortes cycliques mettant en scène des personnages et des créatures apparemment pris dans une boucle, un paradoxe de piège et de renouvellement.

En effet, le concept d'infini a été une source d'inspiration majeure pour lui. Elle inspire ses études en œil de poisson et ses perspectives curvilignes, qui fourmillent de tant de détails vertigineux qu'il est impossible de savoir où une chose se termine et où une autre commence. Il n'est donc pas étonnant que les gravures d'Escher, qui sondent et stimulent l'esprit, aient un attrait aussi durable.

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