Maurice Utrillo

Le Marché à Montmartre

Maurice Utrillo, initialement Maurice Valadon, est né à Paris, le 26 décembre 1883, fils illégitime de l'artiste Suzanne Valadon. Elle, qui était devenue mannequin après une chute de trapèze, mettant fin à la carrière d'acrobate de cirque qu'elle avait choisie, a constaté que le fait de poser pour Berthe Morisot, Pierre-Auguste Renoir, Henri de Toulouse-Lautrec et d'autres lui permettait d'étudier leurs techniques ; dans certains cas, elle était également devenue leur maîtresse. Elle apprend à peindre en autodidacte, et lorsque Toulouse-Lautrec lui présente Edgar Dega, celui-ci devient son mentor. Elle finit par devenir un pair des artistes pour lesquels elle avait posé. Pendant ce temps, la mère de Valedon est chargée d'élever le jeune Utrillo, qui montre rapidement une tendance inquiétante à l'absentéisme scolaire et à l'alcoolisme. Lorsqu'en 1904, Utrillo, alors âgé de 21 ans, est atteint d'une maladie mentale, sa mère l'encourage à peindre. Sous sa tutelle, il commence à peindre les rues du quartier de son enfance, Montmartre. Travaillant dans la tradition de la veduta conventionnelle, il dépeint des rues, des bâtiments, des fontaines et des avenues, qu'il capture à différentes saisons de l'année dans un style influencé par le réalisme lyrique de Camille Pissarro et d'Albert Sisley. Cependant, en déployant une palette subtile - principalement des jaunes, des turquoises, des bordeaux et des blancs de zinc - il a imprégné les scènes de qualités atmosphériques* qui évoquent des sentiments de familiarité ou d'aliénation chez le spectateur. Connues sous le nom de "période blanche", les années 1909-1914 représentent l'apogée de la créativité d'Utrillo. Pendant cette période, il réduit sa palette au blanc, en dégradé de gris. Il mélangeait également ses peintures avec du sable, du plâtre et de la chaux pour rendre la substance physique de son sujet, les murs en particulier. En 1910, les critiques d'art F. Jourdan et E. Faure découvrent l'artiste. L'appréciation de son talent permet à Utrillo de participer pour la première fois au Salon d'Automne* de 1912. Jusqu'en 1914, Utrillo voyage en Bretagne et en Corse ; ses œuvres deviennent de plus en plus lumineuses*, ce qui enrichit considérablement sa conception ascétique de la réalité. En 1924, il expose avec sa mère à la Galerie Bernheim-Jeune à Paris et se voit proposer un contrat d'un an. Cependant, la même année, il a également tenté de se suicider, ce qui était probablement le résultat d'années d'abus d'alcool. Doté d'un talent naturel puissant, Utrillo a énormément contribué à consolider la structure et la texture de la peinture. Il était également un dessinateur* important. En 1926, il conçoit des décors et des costumes pour les Ballets Russes de Djaghilev. Il a reçu une reconnaissance publique en 1928, lorsqu'il a été fait membre de la Légion d'honneur. Commençant là où l'impressionnisme* s'est arrêté, Utrillo est devenu le peintre le plus connu de Paris, en particulier de Montmartre, peignant à la fois d'après nature et d'après des cartes postales. Ses interprétations poétiques des rues et des places de Montmartre ont largement contribué à populariser une image romantique de ce quartier. Cependant, lorsqu'il peint des personnes, celles-ci sont toujours représentées comme des êtres solitaires, perdus dans l'isolement social.