Ed Warner

La vie est une fleur parce que nous vivons dans

2022

Ed Warner (1982), basé à Berlin. Le progrès et le développement de l'Occident, dont nous sommes si fiers, nous ont amenés à ce point. Une société où règnent l'hyper-individualisme, la perte de solidarité et un égocentrisme exacerbé. L'art circule partout aujourd'hui, et le monde est totalement esthétisé. Mais il s'agit d'une esthétisation qui ne concerne que la virtualité des écrans. Cela génère une hypervisibilité, un excès d'images. Le monde virtuel nous donne l'illusion parfaite, mais c'est une illusion vide, pas une illusion artistique. Il prétend être un double de la réalité, une simple reproduction qui n'a rien à voir avec la créativité de l'art. Dans ce scénario, nous nous demandons si l'illusion esthétique et le pouvoir énigmatique de l'art peuvent encore exister. Ed Warner s'attaque à cette façon contemporaine de vivre l'art. Et comment s'y prend-il ? L'humour et la réflexion sont les seuls outils encore puissants pour construire une quelconque profondeur. La force de la pensée réside dans le fait qu'elle ne peut être échangée contre quoi que ce soit. L'humour permet à l'artiste d'être critique sans tomber dans la vacuité du discours théorique. L'artiste préfère s'éloigner des moyens traditionnels de l'art, déjà bien pourris, et aborder l'art par les mots. De cette façon, l'artiste parodie le type de texte que l'on trouve dans le monde virtuel ou publicitaire. C'est un texte brutal, qui cherche le choc et le paradoxe en quelques mots. En ce sens, l'œuvre de Warner entend également récupérer la relation historique entre l'art et la religion. Il ne s'agit pas de la religion en tant que dogme mais en tant que pur caractère sacré. Une sacralité qui a toujours caractérisé le travail artistique, mais qui se perd aujourd'hui. À notre époque contemporaine, la religion est devenue une pratique vide de sens, un simulacre du sentiment originel. Comme le dit le sociologue Baudrillard, on dit que l'art est devenu iconoclaste, alors qu'en réalité, il est devenu agnostique. Elle ne croit plus en son caractère sacré ni en sa finalité. Ed Warner construit à partir des ruines de la tradition occidentale, en gardant toujours un œil sur l'avenir. L'artiste ne cherche pas à être la figure centrale ici. Son ego disparaît et ramène le sens artistique originel.