Jean Sanglar

Trois nus

1987

Jean Sanglar est né en France en 1926. Il dessine avec goût et talent dès son plus jeune âge, cependant, sa famille ne considérera cela que comme un simple passe-temps. Après des études de droit, il occupe ensuite un poste à Paris au ministère de la Marine, où il effectue toute sa carrière professionnelle. Sanglar a néanmoins peint toute sa vie. Il fréquente les milieux artistiques "underground" de New York et de Londres, où il rencontre Francis Bacon et d'autres personnages notables. De nombreuses pièces ont été découvertes après sa mort en 1996, dont une importante série sur l'Holocauste. Dans les années 1960, il est souvent exposé à Paris, où il reçoit une médaille d'argent. En août 1968, il rencontre Picasso lors d'une exposition commune. Il exprime sa douleur face à la réalité du monde lorsqu'il déclare : "Je ne prétends pas être un témoin. Je ne peins pas pour dire quelque chose ; c'est un travail, pas un passe-temps." Dans son travail, la rigueur reste le maître mot, elle est présente dans toutes ses constructions où elle se caractérise par l'utilisation de l'espace en grands aplats de couleurs uniformes, harmonisés dans différents plans géométriques laissant une place importante à l'univers dans lequel évoluent ses personnages. "Je ne m'intéresse pas à la toile finie. C'est le prochain qui est important !". Un talent affirmé qui nous présente une humanité à la fois surréaliste et grotesque. Le rythme est vif et violent ; les traits de pastel ou de couteau incisent une couche de peinture encore fraîche, s'enroulent en écheveaux sans fin pour donner naissance à de mystérieux golems aux orbites creuses, ouvrant sur le monde un regard halluciné et obsédant. Des mimiques expressives, des corps blanchâtres, des mains gigantesques, des personnages dans des situations étrangement décalées, dans cet univers fascinant qui laisse songeur. Un monde de liberté débridée, de dérision, d'où jaillissent des corps difformes, parfois allongés sur une plage au soleil, jouant de la trompette ou de la contrebasse, filant, enchevêtrant cruellement et dessinant la réalité d'un monde tragi-comique. Sangla rejoint, dans son style unique, les univers expressionnistes d'un Edvard Munch, d'un Lucian Freud, d'un Egon Schiele ou d'un Francis Bacon. Il y parvient en posant un regard acéré sur le monde qui l'entoure. Aujourd'hui, grâce à son travail, nous avons le privilège de découvrir l'univers fantastique de Sangla.