Louis-Paul Ordonneau

Le bouquet de fleurs et le monstre des phares - Louis-Paul Ordonneau, peinture

2019

Louis-Paul Ordonneau est un peintre français né en 1975. Il vit et travaille à Paris. En 1999, il installe son Studio dans des lieux temporaires et alternatifs de la capitale. Dès lors, l'exploration de la couleur est au cœur de son travail. Lors de l'une de ses toutes premières expositions, un visiteur a fait le commentaire suivant : "Trop de couleurs dans vos peintures". Il choisit d'assumer cet excès et de faire de l'exubérance de la chroma une ligne de conduite, son chemin vers la liberté. Dans sa recherche artistique, la figuration s'éclipse au profit d'une abstraction dense qui ne nie pas pour autant la réalité mais jette sur elle la perspective singulière d'un regard fasciné par les couleurs : le regard d'un peintre qui persiste quel que soit le support. "La peinture, pour moi, c'est plus que jamais descendre en soi-même" "Quand on vient à une exposition, on s'attend à découvrir des nouveautés et à voir où en est la progression de l'artiste. Cette fois, pour mon exposition à la Galerie Claire Corcia, pas de nouveauté contemporaine, pas de surenchère affirmée, pas de confirmation de croyance, pas de certitude ou de cohérence, pas de théorie. La surface du lac étant remplie de feuilles mortes, l'eau y est profonde. Je présente aujourd'hui un travail de déconstruction que j'ai effectué pour revenir à l'essence de mon anima dans la création, l'extraire, et voir où elle me menait dans la peinture. Exposer mes manques, mes contradictions, mes tentatives, mes erreurs pour partager ce que nous pouvons apprendre de la mise en danger, c'est ce que je propose dans cette exposition où ceux qui connaissent mon travail depuis mes débuts ne trouveront pas. Dans ce processus, j'ai arrêté mes peintures quand je ne les comprenais plus. Je voulais peindre l'inconnu au sens le plus fort du terme. En me concentrant sur cet incompris, je crois que je me rapproche de moi-même. Il ne s'agit plus d'une accumulation de références, ni d'une "recherche de Char-lie", ni même d'une démonstration de savoir-faire ou de paréidolie. Il n'y a plus de volonté de progrès ou de cohérence. Il est clair que je montre des difficultés. Il s'agit également d'une forme d'exigence éthique. C'est peut-être naïf, mais j'y vois aussi une forme de réenchantement. Demandez-vous pourquoi nous gardons en mémoire des souvenirs de prairies, de rivières, d'algues, de profondeurs. Peindre, pour moi, c'est plus que jamais descendre en soi-même, car la surface du lac est pleine de feuilles mortes et il faut donc plonger en profondeur, là où l'imagination n'est plus condamnée par des tourments ridicules. C'est donc une plongée en profondeur, même si c'est au risque de se heurter à une neutralité qui pourrait bien faire penser au néant. Dans mes peintures, on peut croire que je répète des genres de paysages avec des variations. C'est le cas. Tout reste à faire et tout restera toujours à faire. C'est une manière de s'opposer à l'idée d'une théorie totale en peinture qui est souvent satisfaisante aujourd'hui." Louis-Paul Ordonneau