E2 - Kleinveld & Julien

Ode au Self-Portrait de Frida Kahlo avec les cheveux lâchés

2018

Dans le cadre du duo photographique E2, Elizabeth Kleinveld et Epaul Julien, originaires de la Nouvelle-Orléans, cherchent à refaire des images de l'histoire de l'art pour refléter leur propre expérience du monde contemporain. S'attaquant aux icônes des grands maîtres comme Botticelli, Manet, Rembrandt, et Van Eyck, ils refondent des images immédiatement familières d'une manière résolument moderne, les libérant de siècles de contexte historique et les plaçant fermement dans le présent.

Kleinveld et Julien se sont rencontrés lorsque chacun d'eux a présenté des photographies dans le cadre de l'exposition itinérante "Before (During) After : Louisiana Photographers Respond to Hurricane Katrina", à l'occasion du cinquième anniversaire de la tempête en 2010. Ils se sont rapidement rendu compte qu'ils partageaient un intérêt commun pour les questions de justice sociale et d'inégalités raciales et socio-économiques, que cette catastrophe naturelle et humaine avait mises en lumière. Peu après, ils ont commencé à travailler ensemble sur In Empathy We Trust, un projet photographique évolutif visant à examiner les questions sociales contemporaines à travers le prisme de l'histoire de l'art.

Le parcours entre la germination d'une idée et la réalisation d'une photographie E2 est long et complexe, et prend souvent de six mois à un an. La pré-production et les tournages eux-mêmes se déroulent sur deux continents, puisque Julien vit à la Nouvelle-Orléans tandis que Kleinveld réside à Amsterdam. Ainsi, la planification et l'exécution de leurs prises de vue impliquent des mois de collaboration, avec d'innombrables échanges d'e-mails et d'appels téléphoniques. Kleinveld et Julien commencent leur processus par des recherches en ligne et par des visites de musées à travers les États-Unis et l'Europe, à la recherche d'images fascinantes qui résonnent avec notre expérience contemporaine. Ils cherchent ensuite à modifier le contexte de ces images, en remplaçant les personnages originaux par des doublures contemporaines de toutes races et de tous horizons, afin de refléter plus fidèlement la diversité du monde qui les entoure.

Une fois qu'une image est sélectionnée pour être "refaite avec une touche", ils commencent à trouver des modèles (préférant des artistes, des acteurs et des amis plutôt que des mannequins) représentant un large éventail de groupes marginalisés - Afro-Américains, Asiatiques-Américains, LGBT - qui ne se sont pas vus représentés de manière égale dans les médias et dans l'art. Une fois les modèles sélectionnés, E2 se lance dans la recherche de costumes. Leurs tournages européens ont fait appel à des costumes du Théâtre national néerlandais à Amsterdam, du costumier néerlandais Bert Nuhaan et du Studio Pietro Longhi à Venise, tandis que leurs tournages dans leur ville natale, la Nouvelle-Orléans, sont un peu moins glamour, puisqu'ils font appel à des sources allant des friperies aux placards d'amis.

Les photographies elles-mêmes sont le fruit d'une planification et d'une production minutieuses plutôt que du hasard - plus Gregory Crewdson que Diane Arbus. Chaque séance est une production soigneusement orchestrée, comprenant jusqu'à une douzaine de modèles, ainsi que l'éclairage, les costumes, la mise en scène, etc. Dans le cadre de leur travail au sein de E2, Kleinveld et Julien assument chacun une myriade de rôles, de l'auteur au producteur en passant par le sujet. Le produit fini est le fruit d'une collaboration intense et d'un travail d'équipe, Julien et Kleinveld se relayant derrière la caméra. Une fois les prises de vue terminées, le travail de post-production commence, où un collage numérique important des sujets et de l'arrière-plan est souvent nécessaire. Ils font souvent appel à des artistes tels que le peintre italien Marco Ventura pour peindre à la main les arrière-plans de leurs images, brouillant encore davantage les frontières entre photographie et peinture, entre présent et passé.

Dans un monde de plus en plus stratifié selon des critères religieux, culturels, économiques et ethniques, les photographies d'Icone donnent une nouvelle interprétation des icônes du passé, les rendant plus inclusives pour le monde multiculturel dans lequel nous vivons. E2 ne cherche pas à faire des demandes, mais à poser des questions : pourquoi la Fille à la perle de Vermeer ne serait-elle pas asiatique ? Pourquoi l'image emblématique Washington Crossing the Delaware ne peut-elle pas être adaptée pour montrer le premier président sous les traits d'une femme afro-américaine ? Car c'est dans ces réponses que nous trouvons les doutes et les préjugés persistants que nous n'osons souvent pas reconnaître.

Trouvez des photographies originales E2 et des tirages sur 1stDibs.

(Biographie fournie par Jonathan FERRARA Gallery)