Giorgio Petracci

Sculpture en bois texturé noir et blanc 'Terramare'

Giorgio Petracci (Italie, 1974) Si la peinture respecte encore une logique qui légitime sa pratique et son existence dans notre civilisation hyper-saturée de l'image, c'est sa capacité à briser la représentation, à ouvrir une fissure sur la surface glissante de l'ACL derrière laquelle la réalité prend forme et agit, une fissure qui, même si elle est imperceptible, a des effets permanents et incisifs, car elle est destinée à s'ouvrir de plus en plus. Et c'est justement autour de l'idée de la fissure que Giorgio Petracci - peintre, designer, artisan de l'abstraction - développe depuis des années ses recherches ; des fissures, les siennes, qui s'ouvrent sur des mots aussi bien matériels qu'imaginaires. La fissure comme une blessure sur la chair, la fissure dans l'atmosphère autour du globe terrestre, la fissure sur l'écran d'un smartphone, la fissure sur le mur extérieur d'un bâtiment au-delà duquel on ne peut pas voir l'intérieur mais qui enveloppe le spectateur dans une autre dimension spatio-temporelle. La peinture en tant que système de vision devient ainsi un outil de mesure de la relation entre le corps humain, le cosmos et la psyché, où la blessure sanglante est l'équivalent d'une explosion galactique mais seulement dans la mesure où le cerveau peut la lire comme telle. Ensuite, il n'y a plus que le vide. Ayant si naïvement confié la représentation aux technologies numériques et ne pouvant plus la représenter à main levée, c'est comme si la réalité elle-même retraçait les différentes phases cristallines liquides et se décomposait sous nos yeux, une sorte de big bang à l'envers : d'une image HD que l'on pouvait agrandir en poussant l'index vers le haut et le pouce vers le bas, à l'origine primordiale de l'univers lorsque l'espace a été traversé par des ondes gravitationnelles invisibles, tout comme celles qui semblent pousser la matière de Petracci hors de la toile, investissant le spectateur et transformant peu à peu la réalité environnante en vide.