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Giacomo Zoffoli
Laocoön et ses fils, une exceptionnelle sculpture en bronze de Giacomo Zoffoli

vers 1775 - 1785

À propos de cet article

Cet exceptionnel groupe en bronze (inédit), exécuté à Rome dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, témoigne de la fascination exercée par le Laocoön depuis sa découverte le 14 janvier 1506 sur l'Esquilin, à l'emplacement de la Maison dorée de Nero et des thermes de Titus. Le Grand Tour, voyage initiatique entrepris par de jeunes aristocrates anglais, a entraîné le développement à Rome d'ateliers spécialisés dans la reproduction d'antiquités. L'atelier Zoffoli fut le premier à recevoir son brevet en 1775 ; ce Laocoön (dont nous n'avons identifié que deux exemplaires, dont celui que nous présentons) est l'une des pièces les plus prestigieuses produites par les Zoffoli, comme l'atteste leur signature sur son flanc. 1. Le Laocoon, un groupe célèbre de l'Antiquité Apparue dans la Petite Iliade d'Arctinos de Milet, poète épique du VIIIe ou VIIe siècle avant J.-C., elle est reprise dans le célèbre récit de la destruction de Troie par Énée dans le palais de Didon, au chant II de l'Énéide de Virgile, l'histoire d'Apollo est celle d'un prêtre de Poséidon (ou d'Apollon) qui meurt étouffé par deux serpents émergeant de la mer après avoir mis en garde les Troyens contre le cheval de Troie, qui avait été déposé sur le rivage en guise d'offrande à Poséidon. Ses deux fils qui l'accompagnent sont également la proie des mêmes monstres. La découverte en 1506 des fragments d'un groupe colossal en marbre représentant Lacoön fut un véritable événement : un lien fut immédiatement établi avec la statue mentionnée par Pline l'Ancien dans le livre XXVI de son Histoire naturelle. Il affirme avoir vu dans la maison de Titus une sculpture représentant Laocoön et ses Fils pris dans les anneaux de prodigieux reptiles, et attribue cette sculpture aux trois sculpteurs Hagèsandros, Polydôros et Athanadôros, tous originaires de Rhode. Cependant, l'analyse du monument révèle que, contrairement à ce qu'a écrit Lapid, il est composé de plusieurs blocs de marbre, et non taillé dans un seul bloc ("ex uno lapide"). Ce point a donné lieu à une controverse sur la nature exacte de la découverte : s'agissait-il bien du marbre admiré par Pline l'Ancien, ou d'une simple copie ? Cette controverse a pris une nouvelle tournure après la découverte d'une pierre portant les signatures des trois artistes cités par Pline l'Ancien à propos du Laocoön, dans la grotte de Sperlonga, au sud de Rome, qui faisait partie d'une villa construite en dernier lieu par l'empereur Tibère. Depuis lors, deux théories principales ont été avancées, sans qu'aucune preuve décisive ne vienne étayer un choix définitif. Pour certains, le marbre du Vatican est une copie réalisée par des sculpteurs rhodiens au début du 1er siècle, à l'époque de Tibère, d'un bronze (aujourd'hui perdu) exécuté vers 140 avant J.-C. à Pergame. Cette sculpture aurait ensuite été transmise à Titus. Pour les autres, le Laocoon est bien une création réalisée entre 40 et 20 av. J.-C. par les trois sculpteurs rhodiens établis en Italie depuis le milieu du 1er siècle av. Quelle que soit sa date de création, cette sculpture a été exécutée avec une immense virtuosité, et les sculpteurs ont réussi à extraire du marbre des formes complexes et expressives qui nous touchent encore aujourd'hui. Tour de force sans équivalent dans la statuaire antique, ce groupe a fait l'objet d'une fascination dès sa création, comme en témoigne l'admiration de Pline l'Ancien, Michelangelo et Goethe. 2. Une histoire mouvementée depuis sa redécouverte La genèse de la reconstruction du groupe à partir des fragments trouvés sur l'Esquilin est peu documentée, même si les noms de Baccio Bandinelli et de Giovanni Angelo Montorsoli, l'un des collaborateurs de Michelangelo, ont été avancés. La découverte par I.L.A. en 1905 du bras droit de Laocoon parmi les débris antiques d'un atelier de tailleur de pierre romain reste une étape étonnante dans la reconstitution du groupe. Le bras a été réinstallé dans le cadre d'une restauration complète du groupe monumental entre 1957 et 1959 (comme le montre la dernière photographie de la galerie). La position plus recourbée du bras place la main de Laocoön au niveau de la nuque. Cette position correspond mieux à la forte contraction des muscles du torse. Notre bronze est un témoignage intéressant de l'état historique, avant cette réintégration, de ce groupe très apprécié depuis sa redécouverte à la Renaissance. La qualité du Laocoön a toujours suscité la convoitise. Le roi de France François 1er souhaita l'acquérir et le pape Clément VII lui proposa une copie, qui fut achevée par Baccio Bandinelli en 1525. La qualité de cette copie a fait changer d'avis le pape : cette statue est entrée dans les collections de sa famille à Florence (où elle est toujours conservée au musée des Offices) et Clément VII a envoyé d'autres statues antiques au roi. François 1er obtient néanmoins le droit de faire réaliser vers 1540, sous la direction de Primaticcio, un moulage en plâtre dont est issu le bronze conservé jusqu'à présent au château de Fontainebleau. Napoléon réalisa le rêve de François 1er et ramena le Laocoön à Paris pour qu'il orne le musée national du Louvre ; cependant, le groupe fut renvoyé au musée Clementine du Vatican après l'abdication de l'empereur en 1815. 3. Une source d'inspiration majeure depuis la Renaissance L'impact de la statue sur l'histoire des arts est considérable : si de nombreux sculpteurs (Sansovino, Susini...) ont réalisé des bronzes de petite taille inspirés du Laocoön dès la Renaissance, le groupe a également beaucoup inspiré les dessinateurs, les graveurs et les peintres par la diffusion de ces gravures. Outre le Laocoön du Greco, on retrouve la position de Laocoön dans des tableaux aussi divers que Le Couronnement d'épines de Titien et Hercule et Omphale de Rubens, pour ne citer que deux exemples conservés au Louvre. Cette vogue du Laocoön fut bien sûr exacerbée lorsque, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Rome devint, avec Naples et devant Venise, la principale destination des jeunes aristocrates dans leur Grand Tour. Une bonne illustration de cet engouement est le portrait de Thomas Dundas par Pompeo Batoni, exécuté en 1764 à Rome, avec le Laocoön en arrière-plan. 4. Un chef-d'œuvre de l'atelier Zoffoli, d'une rareté exceptionnelle Le développement du "tourisme" du Grand Tour a également donné naissance à une industrie du souvenir. Destinés à une clientèle aisée, ils étaient souvent réalisés dans des matériaux précieux (marbre, bronze, pierres dures, porcelaine). Les frères Zoffoli furent les premiers à ouvrir un atelier proposant des reproductions en bronze d'antiquités, suivis par la famille Righetti, qui obtint son brevet en 1783, puis par la famille Volpato, qui fonda une fabrique de porcelaine en 1785, et enfin par Giuseppe Boschi, qui fut actif entre 1785 et 1810. La qualité des bronzes des frères Zoffoli avait déjà impressionné leurs contemporains. En 1795, Charles Heathcote Tatham écrit à Henry Holland : "le bronze utilisé par les Italiens [par rapport aux fonderies françaises] est du meilleur métal, avec ce qu'ils appellent une patine, c'est-à-dire la couleur extérieure, de bonne nature [...] et surtout leur exécution est superlativement bonne, ayant des artistes employés qui étudient l'antique avec attention et modèlent avec beaucoup d'ingéniosité et de goût". Comme preuve de l'activité des frères Zoffoli, nous disposons d'un catalogue de leurs productions, dans lequel notre Apollo figure en tête de liste, à droite du non moins célèbre Apollon du Belvedere. Proposé au prix de 50 sequins d'or, alors que l'Apollo ne coûtait que 16 sequins, le Laocoön était le deuxième objet le plus cher, après les statues d'Oreste et d'Electra de la collection Ludovisi, proposées à 80 sequins (dont aucune copie n'a été retrouvée). Ce prix élevé explique sans doute le peu d'exemplaires connus aujourd'hui, car nous n'en avons trouvé qu'un autre, également signé par Zoffoli, avec une signature légèrement différente. Au moment de sa présentation à la vente chez Sotheby's à Londres en avril 2004, le rédacteur du catalogue estimait qu'il s'agissait d'un exemplaire unique, sur la base de son étude exhaustive des principales collections de bronzes de Zoffoli, telles que celles conservées à Saltram Park (Devon - Royaume-Uni), au Nationalsmuseum de Stockholm (Suède) et à Schloss Wörlitz (Dessau - Allemagne). Une paire de Centaures, connus sous le nom de Capitoline ou Furietti (du nom de leur premier propriétaire), a également été présentée dans ce catalogue et vendue pour 45 paillettes d'or. Une paire de ces Centaures s'est vendue pour l'équivalent de 156 750 euros le 9 novembre 2012 chez Sotheby's. Cette paire de centaures a en commun avec notre Laocoön une patine noire (probablement exécutée au XIXe siècle), sous laquelle on peut voir les reflets orangés du bronze. La qualité d'exécution des détails de notre exemplaire, probablement obtenue par l'assemblage minutieux de 6 ou 7 pièces coulées séparément, est remarquable à tous points de vue. Voici quelques photos (de la tête de Laocoön, de celle de son fils ou des détails du serpent, des ongles des pieds, de la finesse de l'armature) qui illustrent l'extraordinaire qualité d'exécution de cette pièce. Principales références bibliographiques : H. Honour - Bronze statuettes by Giacomo and Giovanni Zoffoli - The Connoisseur, November 1961, pages 198 - 205 F. Haskell & N. Penny - Taste and the Antique - Newhaven & London 1981 I. Pfeiffer - Giacomo Zoffoli. Kleinbronzen aus Schloss Wörlitz - Weltkuntz - 24 décembre 1996 pages 3232 - 3234 J.P. Cuzin, J.R. Gaborit, A. Pasquier - D'après l'Antique - catalogue de l'exposition du musée du Louvre (16 octobre 2000 au 15 janvier 2001) - RMN, 2012. A. Hilliam - La nostalgie de l'antique : Collectional the bronze statuettes of eighteenth-century Rome - Master of Studies, Université d'Oxford 2013
  • Créateur:
    Giacomo Zoffoli (1731 - 1785, Français)
  • Année de création:
    vers 1775 - 1785
  • Dimensions:
    Hauteur : 25,74 cm (10,13 po)Largeur : 37,65 cm (14,82 po)Profondeur : 16,51 cm (6,5 po)
  • Support:
  • Mouvement et style:
  • Période:
    1770-1779
  • État:
    Signé sur la base : GIACOMO : ZOFFOLI : F Collectional : collection privée - Paris - France.
  • Adresse de la galerie:
    PARIS, FR
  • Numéro de référence:
    1stDibs : LU1568213166252
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