Passer au contenu principal
Vous voulez plus d'images ou de vidéos ?
Demander au vendeur plus d'images ou de vidéos
1 sur 12

Biagio Pupini
L'enlèvement des Sabines , un dessin de la Renaissance de Biagio Pupini

CIRCA 1526

À propos de cet article

Ce dessin vigoureux a longtemps été attribué à Polidoro da Caravaggio : L'Enlèvement des femmes sabines est l'une des scènes que Polidoro a représentées entre 1525 et 1527 sur la façade du palais Milesi à Rome. Cependant, la proximité d'un autre dessin inspiré de cette même façade, conservé à l'Ecole des Beaux-Arts, et d'autres dessins inspirés de Polidoro conservés au Musée du Louvre, nous conduit à proposer une attribution à Biagio Pupini, artiste bolonais dont la vie reste peu connue, malgré le nombre abondant de dessins qui lui sont attribués. 1. Biagio Pupini, un artiste bolonais à la lumière de la Renaissance romaine. Les débuts de la vie de Biagio Pupini, personnage important de la première moitié du Cinquecento à Bologne - Vasari le mentionne à plusieurs reprises - sont encore mal connus. On ne connaît ni sa date de naissance (probablement vers 1490-1495) ni sa formation. Il aurait été l'élève de Francesco Francia (1450 - 1517) et son nom apparaît pour la première fois en 1511 dans un contrat avec le peintre Bagnacavallo (C.I.C. - 1542) pour les fresques d'une église de Faenza. Il collabore ensuite avec Girolamo da Carpi, à San Michele in Bosco et à la villa de Belriguardo. Il a dû se rendre à Rome pour la première fois avec Bagnacavallo entre 1511 et 1519. Il y découvre l'art de Raphael, avec lequel il aurait pu travailler, et celui de Polidoro da Caravaggio. Cette première visite, et celles qui suivront, seront l'occasion d'une intense étude de l'art ancien et moderne, illustrée par son abondante production graphique. Polidoro da Caravaggio a eu une influence particulière sur la technique adoptée par Pupini. Exécutés sur papier coloré, ses dessins combinent généralement plume, encre brune et lavis avec d'abondants rehauts de gouache blanche, comme dans le dessin présenté ici. 2. L'enlèvement des Sabines Notre dessin est une adaptation d'une fresque peinte entre 1525 et 1527 par Polidoro da Caravaggio sur la façade du palais Milesi à Rome. Ces façades peintes ont été très célèbres dès leur réalisation et ont inspiré de nombreux artistes lors de leur séjour à Rome. Ces fresques sont aujourd'hui très détériorées et difficiles à voir, car le palais se trouve dans une rue assez étroite. L'épisode de l'enlèvement des Sabines (qui apparaît au centre de la photo ci-dessus) est un thème historique qui remonte aux origines de Rome et qui est raconté aussi bien par Titus Livius (Ab Urbe condita I,13), par Ovide (Fasti III, 199-228) que par Plutarque (II, Romulus 14-19). Après avoir tué son frère jumeau Romus, Romulus peuple la ville de Rome en l'ouvrant aux réfugiés et aux brigands et se retrouve avec un excédent d'hommes. A cause de leur réputation, aucun des habitants des villes voisines ne veut leur donner leurs filles en mariage. Les Romains décident alors d'inviter leurs voisins Sabins à une grande fête au cours de laquelle ils massacrent les Sabins et enlèvent leurs filles. La gravure réalisée par Giovanni Battista Gallestruzzi (1618 - 1677) vers 1656-1658 nous permet de bien comprendre la fresque de Polidoro et de voir comment Biagio Pupini a retravaillé la scène pour en extraire ce groupe dynamique. Avec une remarquable économie de moyens, Biagio Pupini investit la partie gauche de la fresque et représente dans un espace très dense deux groupes principaux, composés chacun d'un Romain et d'un Sabin, complétés par un groupe de trois soldats à l'arrière-plan (qui semble s'écarter assez sensiblement de la composition de Polidoro). L'équilibre du dessin repose sur une composition très fortement structurée. Le dessin s'organise autour d'un axe vertical médian, qui longe à la fois le coude de la Sabin kidnappée à gauche et le pied de son ravisseur, et de deux diagonales principales, renforcées par quatre diagonales secondaires. Cette structure en losange crée un espace extrêmement dynamique, dans lequel s'opposent des mouvements centripètes (les jambes de la Sabine à droite, le bras du soldat sur le dos en haut à droite) et des mouvements centrifuges (le bras du ravisseur à gauche et les jambes de la Sabine qu'il emporte, le bras de la Sabine à droite), donnant au dessin l'aspect d'un tourbillon autour d'un point d'appui central situé légèrement à gauche du nombril de la ravisseuse à droite. 3. Polidoro da Caravaggio, et les décorations des palais romains Polidoro da Caravaggio est un artiste paradoxal qui est entré très jeune dans l'atelier de Raphael (1483 - 1520), alors qu'il supervisait les loges du Vatican. La majeure partie de son œuvre romaine, qui fut l'apogée de sa carrière, a disparu, car il s'était spécialisé dans la peinture de façades, et pourtant ces peintures, éminemment visibles dans l'espace urbain, ont influencé des générations d'artistes qui les ont abondamment copiées lors de leurs visites à Rome. Polidoro Caldara est né à Caravaggio vers 1495-1500 (ville natale de Michelangelo Merisi, dit Le Caravage, qui y est né en 1571), à une quarantaine de kilomètres à l'est de Milan. Selon Vasari, il arrive comme maçon sur le chantier du Vatican et rejoint l'atelier de Raphael vers 1517 (à l'âge de dix-huit ans selon Vasari). Cette intégration aurait permis à Polidoro de travailler non seulement sur les fresques des Loges, mais aussi sur certaines fresques des Chambres, ainsi que sur l'appartement du Cardinal Bibiena au Vatican. Après la mort de Raphael en 1520, Polidoro travaille d'abord avec Perin del Vaga avant de s'associer à Maturino de Florence (1490 - 1528), qu'il avait également connu dans l'atelier de Raphael. Ensemble, ils se sont spécialisés dans la peinture de façades de palais. Ils devaient réaliser une quarantaine de façades décorées de peintures en grisaille imitant les bas-reliefs antiques. Le sac de Rome en 1527, au cours duquel son ami Maturino est tué, conduit Polidoro à fuir d'abord à Naples (où il avait déjà séjourné en 1523), puis à Messine. C'est en préparant son retour dans la péninsule qu'il est assassiné par l'un de ses assistants, Tonno Calabrese, en 1543. Dans ses Vite, Vasari a célébré Polidoro comme le plus grand décorateur de façades de son temps, notant qu'"il n'y a pas d'appartement, de palais, de jardin ou de villa à Rome qui ne contienne une œuvre de Polidoro". Les décorations de façade de Polidoro, dont la plupart ont disparu car elles étaient exposées en plein air, constituent le plus important chapitre perdu de l'art romain du Cinquecento. Les quelques dessins du peintre qui ont survécu peuvent cependant donner une idée de l'aspect original de ses peintures murales et montrer qu'il s'agissait d'un artiste au génie remarquable et très original. 4. La façade du Palais Milesi Giovanni Antonio Milesi, qui a commandé ce palais situé non loin du Tibre, au nord de la Piazza Navona, était originaire de la région de Bergame, comme Polidoro, avec lequel il entretenait des liens d'amitié étroits. Exécutée dans les dernières années précédant le sac de Rome, vers 1526-1527, la décoration du Palazzo Milesi est considérée comme la plus grande réussite décorative de Polidoro. Une gravure d'Ernesto Maccari réalisée à la fin du XIXe siècle permet de comprendre l'équilibre général de cette façade encore bien conservée à l'époque. Les fresques ne sont pas entièrement monochromes, mais alternent des éléments en clair-obscur simulant des bas-reliefs en marbre et des éléments en ocre simulant des vases en bronze et en or. Notre dessin correspond à la partie gauche de la deuxième des six scènes peintes sur la frise entre le premier et le deuxième étage. 5. Œuvres d'art connexes Nous avons pensé qu'il serait intéressant de comparer notre dessin avec deux autres dessins de Pupini basés sur les façades de Polidoro da Caravaggio. Le premier dessin est conservé à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris et reprend une partie de la frise qui surmontait la porte d'entrée du Palais Milesi et représente des païens adorant la statue de Latone plutôt que celle de Niobé. On retrouve le même dynamisme dans les bras tendus vers la statue. Le bras du vieil homme en haut à droite nous semble particulièrement proche de celui du Sabin à droite de notre dessin. Une composition proche basée sur les diagonales se retrouve dans un dessin conservé au musée du Louvre (Inv. 6081) représentant un Sacrifice antique. Ici, Biagio s'inspire d'une composition peinte par Polidoro entre 1523 et 1524 pour le palais Gaddi. Ce dessin aurait été réalisé par Artistics entre 1524 et 1527 (avant sa rencontre en 1527 avec Parmigianino, qui va faire évoluer son style), période pendant laquelle l'artiste va séjourner à Rome et pendant laquelle il aurait également réalisé les deux dessins inspirés du palais Milesi. 6. Encadrement Ce dessin est présenté dans un cadre italien peint du XVIIe siècle avec des volutes dorées en trompe-l'œil, dont l'esprit s'harmonise parfaitement avec celui de la grisaille, représentation illusionniste d'un bas-relief. Principales références bibliographiques : Carell van Tuyll et Emmanuelle Brugerolles - Le dessin à Bologne - Beaux-Arts de Paris 2019 Roberto Serra - Inventaire Général des Dessins Italiens Tome XII Dessins Bolonais du XVIème Siècle - Louvre Editions août 2022 Lanfranco Ravelli - Polidoro Caldara da Caravaggio Disegni di Polidoro & Copie da Polidoro - Bergama 1978 Pierluigi Leone de Castris - Polidoro da Caravaggio - L'opera completa - Napoli 2001
  • Créateur:
    Biagio Pupini (1511 - 1551)
  • Année de création:
    CIRCA 1526
  • Dimensions:
    Hauteur : 17,15 cm (6,75 po)Largeur : 16,36 cm (6,44 po)
  • Support:
  • Mouvement et style:
  • Période:
  • État:
    6 ¾" x 6 7/16" (172 mm x 164 mm) - Encadré : 18 1/8" x 17 11/16" (46 x 45 cm) Encadré dans un cadre italien peint du XVIIe siècle avec des volutes dorées en trompe-l'œil. Provenance : ce dessin a été vendu aux enchères publiques en 1875 (attribué à Polidoro).
  • Adresse de la galerie:
    PARIS, FR
  • Numéro de référence:
    1stDibs : LU1568212059792
Plus d'articles de ce vendeurTout afficher
Suggestions

Récemment consulté

Tout afficher