Combattre les ténèbres (Jusqu'à ce que la mort nous sépare) - 2005
20x20cm,
Édition 9/10.
A.I.C. Archival, basé sur le Polaroïd,
Label de certificat et de signature.
Inventaire d'artiste n° 9310.
Non monté.
Nous vous proposons un extrait du film : Jusqu'à ce que la mort nous sépare
Jusqu'à ce que la mort nous sépare", un épisode du projet "29 Palms, CA". Un film tourné sur des images fixes Polaroid combinées à des séquences de film Super 8.
Jusqu'à ce que la mort nous sépare" est l'histoire de deux jeunes amoureux, des âmes solitaires qui échappent à l'abus de la réalité en s'unissant. Imaginez une inconnue qui se trouve soudainement sur votre chemin, avec laquelle vous pouvez simplement être silencieux, et vous avez l'impression de la connaître depuis toujours. C'est l'expérience de Cristal et Margarita, qui commence lorsque Cristal la prend en stop sur une route isolée du désert. Fugueuse d'un grand frère cruel et d'une famille brisée, Margarita cherche un foyer à la lisière de l'ombre. Cristal était aussi une enfant solitaire et déjà dangereusement proche de la disparition lorsqu'elle trouve Margarita. Pour elle, c'est le début de la vie. Quand elle trouve Margarita, elle se trouve elle-même, elle ressent pour la première fois et découvre qu'elle n'est pas invisible après tout.
La vie enfantine qu'ils mènent ensemble sur le bord de la route est un rêve qu'ils croient vraiment éternel et, avec la joie naïve des débutants, ils se jettent à l'eau, sans se douter du danger. Lorsque deux âmes perdues ne font plus qu'une et partagent tout, se perdent-elles davantage ou deviennent-elles enfin entières ? Quand une fille n'a pas de foyer, pas d'ancrage, peut-elle s'épanouir avec un autre ? Lorsqu'un cœur humain se réveille de son isolement pour la première fois, enchanté par un reflet dans le miroir de l'amour, la rêveuse peut-elle se rendormir ou doit-elle errer pour le retrouver à jamais ?
Le travail de Stefanie Schneider est une méditation sur le temps - son érosion, sa persistance, sa capacité à se fracturer et à se réassembler dans l'œil de l'esprit. Comme des rêves délavés ou des rencontres à moitié oubliées, ses images Polaroid existent dans un espace liminal où le passé et le présent se fondent l'un dans l'autre, sans jamais être tout à fait entiers, sans jamais être vraiment perdus.
Son processus lui-même est un acte qui défie le temps. Le film Polaroid périmé qu'elle utilise porte en lui les cicatrices chimiques de sa propre histoire, produisant des mutations imprévisibles qui transforment chaque image en un artefact d'imperfection. Ces distorsions ne sont pas seulement des choix esthétiques, mais des échos de la mémoire, des reliques de moments qui refusent de rester statiques. À l'ère de l'hyperclarté et de la perfection numérique, l'art de Schneider nous invite à embrasser l'éphémère, à trouver la beauté dans le délabré et le transitoire.
L'Ouest américain, un paysage imprégné de mythes et de réinventions, devient la toile de fond parfaite pour cette exploration des paradoxes du temps. Ses sujets - des personnages errants dans des motels, des caravanes et des déserts sans fin - sont suspendus entre la nostalgie et un avenir incertain, tout comme la pellicule sur laquelle elle les capture. Ils existent dans une boucle cinématographique, leurs histoires se déroulant et se dissolvant, prises dans la lueur d'un soleil couchant qui ne disparaît jamais complètement.
Mais un changement plus profond est à l'œuvre, qui reflète la nature changeante de la vie artistique elle-même. Avant 2020, les artistes se nourrissaient du mouvement, de l'exposition, d'un dialogue constant entre les lieux et les personnes. Les voyages étaient une nécessité, une ligne de vie vers de nouvelles influences et inspirations. Pourtant, dans le sillage des bouleversements mondiaux, une existence hyper-isolationniste s'est installée, où l'acte de création se déploie au sein d'un monde confiné. Le sanctuaire désertique de Schneider reflète cette nouvelle réalité - un univers alternatif né de la nécessité, un espace où le temps s'étire et se replie vers l'intérieur, faisant écho aux qualités oniriques de son travail. Le monde extérieur s'est éloigné, mais dans cette solitude, une autre forme de liberté est apparue : la capacité de construire un monde entièrement à soi.
La mémoire, comme les images de Schneider, est imparfaite. Il se déplace, il s'estompe, il se déforme. Pourtant, dans ces imperfections, de nouveaux récits émergent, qui semblent plus réels que la réalité elle-même. C'est là toute la force du travail de Schneider : nous rappeler que le temps n'est pas linéaire mais stratifié, que le passé n'est jamais vraiment passé et que chaque instant porte le poids de tout ce qui l'a précédé.
Son travail n'est pas seulement une préservation d'un moyen de communication en voie de disparition, c'est une méditation sur la nature même du souvenir. Dans chaque silhouette floue et chaque lavis de couleur chimique, elle capture ce que signifie s'accrocher au temps même lorsqu'il nous glisse entre les doigts, revivre et réinterpréter, encore et encore, les souvenirs qui, selon nous, nous définissent. Les images de Schneider sont des capsules temporelles, non pas de moments fixes, mais de la façon dont les moments sont ressentis - un témoignage de la façon dont le temps se déforme, s'efface et, en fin de compte, se révèle. Ce ne sont pas seulement des photographies, ce sont des fragments de temps, qui s'effilochent comme une pellicule prise dans la lueur d'un projecteur, oscillant sans cesse entre le souvenir et le rêve.