Lithographie sur papier vélin des Papeteries du Marais. Format du papier : 10.25 x 14 pouces. Inscription : Signé dans la plaque et non numéroté, tel que publié. Notes : Extrait de l'album Verve : Revue Artistique et Littéraire, Vol. I, N° 3, 1938. Publié par les Éditions de la revue Verve, Paris, sous la direction de Tériade, éditeur, Paris ; imprimé par Mourlot Frères, Paris, 1938 dans un tirage de MM. Notes complémentaires : Extrait de Poppy Sfakianaki, 'La revue Verve (1937-60) : Un tremplin pour la carrière de Tériade dans les éditions d'art', Journal of European Periodical Studies, 4.2 (Winter 2019), 70-89, En 1937, Tériade (1897-1983) rencontre David Smart (1892-1952), l'éditeur américain du magazine Esquire, qui lui propose de collaborer à la création du 'plus beau magazine du monde'. Smart reconnaît en Tériade non seulement ses capacités d'éditeur et ses connaissances en histoire de l'art, mais aussi son réseau professionnel et le nom qu'il s'est fait dans le monde de l'art parisien, autant d'atouts cruciaux pour une entreprise éditoriale. Ayant eu la conviction commerciale que la beauté "fait vendre", Smart entendait s'adresser au public américain, attiré par l'art français, y compris l'art moderne, et le mythe de la vie artistique à Paris. Pour sa part, Tériade voit dans cette Collaboration l'occasion d'une incursion sur le marché américain, puissant allié de l'art moderne en France. Les Éditions de la Revue Verve ont été fondées en novembre 1937, financées en grande partie par Smart, et dirigées par Tériade. Verve : Revue Artistique et Littéraire était une publication artistique luxueuse et ambitieuse, publiée non seulement en français, mais aussi en anglais dans les premières années, et distribuée en Europe et aux États-Unis. Sa configuration rappelle celle des revues françaises Cahiers d'art, Minotaure et Arts et métiers graphiques, ainsi que celle de la revue d'art américaine Coronet. Cependant, Verve était supérieur à la concurrence en raison de son iconographie abondante et de sa grande qualité d'impression. Son prix variait entre 60 et 150 francs (pour les numéros doubles) avant la guerre, et entre 120 et 350 francs pendant la guerre. Compte tenu de son prix élevé, le magazine s'adressait principalement aux marchands d'art, aux collectionneurs, aux bibliophiles et aux amateurs d'art fortunés. L'esthétique raffinée de la revue est due à son rédacteur en chef, Tériade, qui a cherché à développer une plate-forme de dialogue entre l'image et le texte, les arts visuels et la littérature. La dominante de chaque numéro reste son iconographie, composée de reproductions d'œuvres d'artistes modernes que Tériade admirait, et de " maîtres ", principalement de la tradition française, à côté de photos et de miniatures de manuscrits médiévaux. Tériade a sans doute réalisé avec sa revue une idée exprimée en 1934 selon laquelle les livres servaient de "musée idéal" ou d'exposition où sont rassemblés tous les chefs-d'œuvre artistiques, que Malraux développera plus tard dans Le Musée imaginaire (Genève : Skira, 1947), dont certaines parties paraîtront dans Verve. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la périodicité de la revue a changé, devenant irrégulière, et la nature des sujets traités moins variée. Ainsi, les numéros publiés pendant la guerre (ainsi qu'en 1945 et 1946) sont exclusivement consacrés à la reproduction d'enluminures médiévales. Enfin, les numéros spéciaux de l'après-guerre présentent chacun la production récente d'un peintre d'art moderne. Seuls les numéros 8 (1940) et 27-28 (1952) font exception avec un résumé plus varié. L'accueil de Verve a été positif, comme en témoignent plusieurs articles de presse élogieux tout au long de sa diffusion. Le succès de la revue, la passion de Tériade pour l'art moderne et les manuscrits médiévaux, son admiration pour les publications d'Ambroise Vollard et d'Albert Skira, sa connaissance du monde des bibliophiles, l'amènent bientôt à amplifier son activité éditoriale. En 1943, malgré les difficultés pratiques imposées par la guerre, paraît son premier livre d'artiste, écrit et illustré par Georges Rouault. Jusqu'en 1975, Tériade publie aux Éditions de la Revue Verve, neuf livres d'artistes modernes, tels que Henri Matisse, Pablo Picasso, Marc Chagall, Joan Miró, entièrement composés (texte et images) par les artistes ; dix-sept livres illustrés par des artistes modernes reconnus ; un album de lithographies de Fernand Léger sur Paris ; deux albums photographiques d'Henri Cartier-Bresson ; deux monographies des artistes André Beaudin et Francisco Borès ; une luxueuse série de reproductions d'enluminures médiévales ; et une série de portfolios sur la grande architecture française. En définitive, l'étude comparative de la revue et des éditions de Verve : Revue Artistique et Littéraire illustre l'importance de la dynamique relationnelle tacite qui résulte des relations de collaboration et d'échange de capital symbolique fondées sur des perceptions et des intérêts communs, ainsi que sur des sentiments d'amitié et d'appréciation mutuelles d'acteurs du monde de l'art qui partagent une culture visuelle et bibliophilique et contribuent ainsi au succès de la revue et de la maison d'édition.
PAUL KLEE (1879-1940) est un artiste allemand né en Suisse. Son style très personnel a été influencé par des mouvements artistiques tels que l'expressionnisme, le cubisme et le surréalisme. Dessinateur naturel, Klee a expérimenté et finalement approfondi la théorie des couleurs, en écrivant de nombreux articles à ce sujet ; ses conférences "Écrits sur la forme et la théorie de la conception" (Schriften zur Form und Gestaltungslehre), publiées en anglais sous le titre "Paul Klee Notebooks", sont considérées comme aussi importantes pour l'art moderne que le "Traité de peinture" de Léonard de Vinci l'a été pour la Renaissance. Lui et son collègue, le peintre russe Wassily Kandinsky, ont tous deux enseigné à l'école d'art, de design et d'architecture du Bauhaus, en Allemagne. Ses œuvres reflètent son humour pince-sans-rire et son point de vue parfois enfantin, ses états d'âme et ses convictions personnelles, ainsi que sa musicalité. Klee était dans le milieu de Picasso.